Du 20 mars au 20 septembre 2015, la Musée d’Art et d’Histoire Baron Gérard (MAHB) de Bayeux propose une exposition d’art contemporain de l’artiste dentellière Marjolaine Salvador-Morel. Utilisant le médium du nylon, les sujets végétaux donnent à cette matière synthétique des aspects organiques.
L’exposition prend place tout le long du parcours permanent. C’est ainsi l’occasion de découvrir ou redécouvrir les collections du MAHB de clin d’œil en clin d’œil de l’artiste. Les œuvres se fondent dans la scénographie globale tout en restant faciles à trouver et identifier, même dans la salle des dentelles. Œuvres contemporaines et objets des collections du musée se mettent mutuellement en valeur.
Marjolaine Salvador-Morel a été formée à la dentelle à l’aiguille, notamment par sa mère qui a été directrice de l’école de dentelle de Bayeux (en face du musée d’Art et d’Histoire). Pour avoir visité la cité internationale de la dentelle et de la mode de Calais, je connais, sans la pratiquer, la dentelle à l’aiguille et les différence avec la dentelle au fuseau. Cette partie n’est pour autant pas réellement explicité dans l’exposition. Cela rend, je pense, les œuvres encore plus magique. Même pour moi qui connaît des rudiments théoriques, les œuvres déployées le long du parcours permanent conservent ce côté magique du déploiement de la fibre qu’on croirait naturel. D’autant plus que le matériau utilisé par l’artiste est du nylon. Ce fil, utilisé pour la pêche et les loisirs créatifs, est ici présenté dans son côté le plus artistique dans des calibres variés et parfois assez épais. Composé à partir de plastique, un dérivé pétrolier donc, l’alliance de cette matière avec les motifs végétaux choisis par l’artiste donne un rendu étonnement organique. Je ne sais si c’est la courbe de la bobine qui donne au nylon cette courbe ou si c’est le travail de l’aiguille qui fait cela, mais les motifs sont vraiment proches des modèles naturels.
De prime abord, on pourrait penser qu’un médium transparent rendrait les œuvres trop discrètes dans les scénographies colorées du MAHB mais pas du tout. Le nylon accroche et restitue la lumière comme si les motifs végétaux étaient recouverts ou constitués de rosée avec effets de miroir dans la lumière du matin.
Ce qui m’a le plus plu, dans mon objectif de muséographe, c’est l’excellente qualité des textes accompagnant les œuvres. Ils sont particulièrement succincts, clairs et à la fois complets. Si les motifs végétaux choisis sont assez courants (pissenlits, cœurs de marie), ce sont parfois leurs noms scientifiques qui sont utilisés pour titrer les œuvres. Les cartels indiquent alors en langage vulgaire, ce qu’est le modèle de l’œuvre. On pourrait regretter l’absence d’une photo de ce modèle mais ce n’est pas spécifiquement souhaitable à mon sens car cela ramènerai l’art de Marjolaine Salvador-Morel dans une réalité à laquelle la poésie de l’œuvre échappe nécessairement.
Petit bémol toutefois : l’interdiction de photographier (les photographies de cet articles sont issues de sites internets et d’articles de presse) ces œuvres magnifiques, ce qui reste compréhensible pour une artiste contemporaine. Mais là aussi tout est prévu, grâce au journal de l’exposition qui reprend tous les textes ainsi que des photos des œuvres sur fond noir et/ou dans la scénographie du MAHB. Pour le prix de 4,90€, j’ai pu ainsi rentrer avec un petit bout de l’exposition et le meilleur des albums photos puisque réalisé par des professionnels.
Je finis par saluer le personnel d’accueil et de surveillance, toujours souriant et aimable, s’assurant que le visiteur profite de sa visite et des richesses du musée en attirant son attention sur les petits détails à côté desquels il pourrait passer… Dernier détail à côté duquel je ne suis pas passée : l’espace de réserve intégré à la salle d’exposition 19e qui permet à tous les tableaux de bénéficier des conditions de conservation, gain de place et de budget !
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