Enfant avec ses parents ou dans le cadre scolaire
Dans les musées, on considère les enfants comme un public captif. C’est rarement l’enfant qui est à l’initiative de la sortie au musée (si si je pense que c’est possible quand même, bon d’accord, jamais). C’est donc un challenge d’autant plus important pour le musée de lui faire vivre une expérience positive pour lui donner envie de revenir. L’enfant vient au musée dans deux cadres principaux : la famille ou l’école (le centre de loisirs est une troisième proposition assez intermédiaire).
Selon le cadre, l’enfant n’aura pas tout à fait le même comportement, les mêmes interactions. Toutefois, déformation de son métier d’écolier, l’enfant (dès qu’il le sait) lit avant de regarder et passe plus de temps à lire que la moyenne de visiteur, à condition que le texte soit adapté.
L’enfant et la famille
Avant, les concepteurs de médiation cherchaient, pour ainsi dire, à occuper l’enfant pour qu’il fiche la paix à son/ses parent(s) pour que chacun visite l’exposition à sa façon. Pour les adultes : des textes, des expôts et une approche intellectuelle. Pour l’enfant : des mots simples, des images et une approche ludique. Sauf que force était de constater que les parents s’intéressaient autant, voire seulement, au contenu « enfants » et que finalement ce n’était pas l’expérience recherché.
En effet, considérer, au sein de la famille, un public enfant associé à un public adulte et en décalage avec ce public spécifique qu’est le public familial. On voit d’ailleurs de plus en plus apparaître de vrais outils de médiation familiale, des guides de visite pas à pas (sans QCM ni jeux, juste une visite qui dit quoi regarder, où aller, que remarquer) ou des documents favorisant l’interaction, l’échange. Ces documents donnent les clés aux parents, la parole aux enfants et la possibilité à chacun de partager un moment positif.
L’enfant de la cadre scolaire
Certains professeurs viennent au musée dans une démarche consumériste, pour compléter un point de programme, quand ce n’est pas les deux. Les musées ont joué, et jouent encore, ce jeu de proposer des documents tout fait, des questionnaires de visite qui seront corrigés, quand ce n’est pas noté, en classe. Or parfois, le propos de l’exposition, n’est pas d’apprendre ou de valider des acquis, ou alors pas seulement. Parfois il y a des questions qui sont intéressantes à se faire poser à l’enfant, lui demander de se positionner, de réfléchir, d’exprimer son opinion. Cela ne peut pas être sanctionné par une note ou une appréciation, pour autant cela est-il sans intérêt ?
Le Ministère de la Culture et de la Communication a lancé il y a quelques années un projet La classe, l’oeuvre qui permet à des classes de devenir médiateurs d’un jour dans un musée qu’ils ont appris à connaître lors d’un projet au long cours. La ou les activités suivies prennent formes lors de la Nuit des musées où les élèves présentent le fruit de leur travail sous la forme que le projet a jugé le plus adapté : médiation, pièce de théâtre, livre.
Ce type de projet nécessite une temporalité longue, une année scolaire voire deux. Le projet est co-construit par le professeur, le musée, les élèves (peut-être pas toujours) et parfois un artiste. Cette rencontre confronte les objectifs de chacun et l’utilisation de l’espace muséal, de la collection.
Il est toutefois parfois difficile de garder une suite à ce projet : comment le rendre pérenne et le valoriser ? Comment en garder une trace (pour l’élève, le musée, l’école, le professeur) ?
Lors des échanges, un appel massif a été lancé à l’arrêt du QCM, du dossier pédagogique et du pré-mâché au profit d’une coopération. Le musée ne doit pas reproduire la forme pédagogique scolaire. Les enseignements scolaires sont factuels et objectifs alors que le musée peut (doit) véhiculer, par la présence concrète des expôts, une charge empathique, des émotions, un questionnement personnel (qui peut ne pas avoir de réponse) parfois absent de l’école.
L’enfant au musée est un visiteur, qu’il soit avec son école ou non.