
Eric Pincas est journaliste historique, il a publié un livre éponyme à cette conférence en 2014 qui inspire apparemment globalement cette conférence. Les autres conférences en lien avec l’exposition Neandertal au musée de Normandie étaient menées par des archéologues. Celle-ci, animée par un journaliste est bien différente, plus vivante, prenant plus de liberté concernant le mode de vie présumé de Neandertal. Cela a parlé à mon esprit néophyte. Voici le compte-rendu de mes notes.
Il y a 30 000 ans, le climat est glacial dans nos contrées. L’homme a alors des prédateurs : les fauves. Il est également confronté à une autre forme d’humanité contemporaine. Il n’y a pas de continuité entre Neandertal et Sapiens. Nous, homo sapiens d’Europe, avons entre 2 et 4 % de patrimoine génétique en commun. Cela prouve la contemporanéité des deux humains et une certaine hybridation. Notre système immunitaire notamment vient de Neandertal, notamment avec la plus grande présence de kératine qui augmente notre résistance au froid.

L’homme de Neandertal a été découvert en 1856, en Allemagne, dans la vallée de Neandertal (l’homme nouveau), d’après le nom d’un organiste du XVIIe siècle nommé Neumann qui s’était fait la coquetterie d’un nom latinisé. Au début, on hésite entre la découverte d’un homme et celle d’un ours. C’est un choc, 3 ans avant la publication de la théorie des espèces de Darwin. On pense alors selon les règles strictes du créationnisme.

La France devient un vivier pour des fouilles archéologiques. En 1909, un squelette de Neandertal est découvert par Marcelin Boule. Ce spécimen est représenté de manière singesque. Neandertal subit un délit de salle gueule. C’est en 1939 que Carleton Coon imagine Neandertal comme un homme ordinaire dans le métro. En 2000 apparaissent les premières représentation hyperréalistes. Ces représentations ne relatent pas les marques et les cicatrices qu’une vie dangereuse et difficile inflige à la peau. C’est en tout cas ce que regrettait Dominique Cliquet dans sa conférence.
Vers – 400 000 apparaît homo erectus. Une partie de la population émigre progressivement vers le Nord, certains s’arrêtent au Proche Orient, d’autres poursuivent plus au Nord, à l’Est et à l’Ouest. L’isolation, les adaptations et mutations aboutissent à Neandertal. Les homo erectus évoluent en homo sapiens. Neandertal et Sapiens sont frères d’humanité. Neandertal a vécu 300 000 ans, entre – 350 000 et – 50 000 avant notre ère. L’homo sapiens en est à 200 000 ans. Neandertal vit par cellules humaines toutes petites de maximum 20 personnes. Sa population atteignait maximum 50 000 individus (sur toute la période ?). On peut rapprocher la physionomie de Neandertal est proche de celle des inuits.

Neandertal est un chasseur cueilleur, nomade, vivant à l’entrée des grottes et proche des forêts pour avoir du bois et du gibier. La proximité d’un gisement de silex est un plus. Neandertal est un carnivore et un maître du feu. Certains préhistoriens ont vécu, ou vivent, avec des tribus de chasseurs-cueilleurs contemporains, pour vérifier leurs théories, c’est ce qu’on appelle l’actualisme.
Neandertal était doué de paroles, son vocabulaire était surement faible, son phrasé lent et accentué de gestes. Son os ioïde et la présence du gène Fox P3 indique la capacité à la parole. Il devait également être altruiste car on repère des signes de soin et d’aide au sein d’un groupe. Un des squelettes découvert à la chapelle au Saint montre des signes d’arthrose, son groupe devait donc subvenir à ses besoins car il était incapable de chasser, il a aussi été enterré.
Il y a plusieurs hypothèses à la disparition de Neandertal, il faut noter que cette disparition a mis 10 000 ans à être effective :
- La dilution génétique : homo sapiens, lors de son émigration en Eurasie, est plus nombreux. Neandertal a pu souffrir de sa faiblesse démographique. Au fur et à mesure de la progression des échanges et des naissances ont pu créer des hybrides. Limite : chez les hypo-néandertalien du Proche Orient, cela est possible mais moins probable pour les hyper-néandertalien d’Europe.
- Le génocide (théorie fin des années 1990) : la confrontation sanglante a dû être inévitable entre Neandertal et Sapiens.
- Les épidémies : la mise en contact de deux populations, l’échange des bactéries et virus auxquels les organismes n’étaient pas immunisés. Mais dans ce cas, la disparition aurait été plus rapide que 10 000 ans.
- Le cannibalisme : Neandertal et Sapiens étaient cannibales de manière alimentaire ou rituelle.
- Une révolution manquée : manque d’adaptation entre Neandertal et modification du monde par la prise de conscience d’existence de Sapiens.
- On peut aussi envisager la combinaison de ces causes, aggravées par la réclusion de Neandertal sur des petits territoires.
La connaissance de Neandertal que nous avons est faite à partir de 270 cadavres, répartis sur 130 sites.
La conférence n’était pas à la hauteur de l’expo très intéressante. C’était une démarche commerciale pour vendre son livre
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C’était la conférence finale du cycle. Elle présentait le propos d’un point de vue plus synthétique et pour faire de la médiation c’était quand même pas mal. Quant au côté commercial, certes le livre était en vente, mais ça ne m’a pas paru être la raison principale. La conférence reprenait les grands axes du livre et donc se substituait plutôt à sa lecture.
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