Ça faisait quatre ans que je l’attendais. J’en avais entendu parlé et avait manqué de le visiter avant sa fermeture pour travaux de déménagement : le musée Thomas Henry, musée des beaux-arts de la ville de Cherbourg, a été inauguré dans ses nouveaux locaux du Quasar le samedi 19 mars 2016. Une belle nocturne !
Il faisait quand même bien frisquet ce samedi soir à Cherbourg, c’est surtout le vent qui nous glaçait. Et ça nous rappelait que, malgré tout, l’hiver était encore un peu là… Il y avait tout de même du monde devant l’entrée commune du musée et de la bibliothèque, le Cherbourgeois est bien vaillant, pour voir évoluer les deux acrobates sur la façade. Elles ne devaient pas avoir chaud non plus. L’objectif était d’attendre les 20 heures fatidiques pour entrer dans le musée. Mais la température à inciter les gens à entrer avent, il n’y avait pas de discours ou de fanfare. Ce n’était pas très festif. Mais l’excitation d’entrer dans un tout nouveau musée était tout de même là pour ma part.
L’entrée était gratuite pour l’occasion, et j’ai cru entendre qu’il y a eu plus de 300 visiteurs pour cette soirée (chiffre provisoire). Dès le départ, nous sommes accueillis par le buste de Thomas Henry et le personnage nous est présenté. Cet homme, amateur d’art, était Commissaire expert des musées royaux sous la Restauration. Il a tout d’abord envoyé un lot d’œuvres d’art de manière anonyme à la ville de Cherbourg, où il est né. Son objectif : faire exposer ces œuvres à des fins pédagogiques pour la population et les apprentis artistes. Les collections du musée commencent donc par un accrochage d’art classique, exposé sur cimaises grises selon les vœux du donateur. Je trouve d’ailleurs ce choix de couleur bien avisé de la part de cet homme du XIXe. Il aurait pu choisir les verts, rouges ou violets à la mode dans les expositions de son époque. Mais non, et puis ça change du blanc auquel sont accrocs certains musées. Le clin d’œil au donateur se poursuit par l’exposition de trois œuvres qu’il a lui même réalisé.
On passe ensuite par le cabinet des estampes qui présente pour l’ouverture une exposition de l’artothèque. Commence ensuite le début de l’exposition de la collection Thomas Henry, présentée par école, et même plus ! En effet, on peut trouver des logiques à l’intérieur de l’accrochage qui seront sûrement l’objet d’ateliers ou de visites du musée. En voici quelques exemples :
Trouvez les 7 erreurs
Les vaches normandes
Les sujets sont nombreux et on les retrouve parfois dans plusieurs écoles ce qui est encore plus passionnant ! Les équipes de médiation ont là un très bel outil. Je me suis beaucoup amusée et émerveillée devant les œuvres dont je trouve la qualité exceptionnelle. J’ai trouvé un intérêt très particulier pour les détails, notamment sur des formats assez réduits d’œuvres dont je n’aurais jamais soupçonnée l’existence. Pour d’autres, si je les voyais pour la première fois, je les avais déjà vues sur Muséobase (la base de données des collections du réseau des musées (bas-)normands) et j’étais ravie de les trouver en vrai. Comme les P’tits normands, j’ai joué au ticket gagnant !
Une fois le musée créé suite aux dons de Thomas Henry, d’autres personnes ont fait des dons. Le premier exposé n’est autre qu’un des premiers bénéficiaires de l’exposition de la collection Thomas Henry, un certain Jean-François Millet. Ce sont ici les œuvres de jeunesse qui sont présentées, les copies réalisées à partir des tableaux du musée présentées avec les
originaux, mais aussi les premiers portraits de famille. Il y a ensuite deux autres collections : celle du sculpteur de la statue du Napoléon de Cherbourg, Armand Le Véel et les envois de l’Etat issus du Salon officiel. La collection Le Véel est assez brève mais les sculptures présentées sont assez fortes et se prêtent bien à la photographie. Un vrai plaisir de visiteur photographe ! Ensuite la salle des envois et dépôts de l’Etat est un bon moyen de voir l’art officiel de l’époque, quelques pompiers et jolis morceaux de peinture. J’avoue que j’étais un peu fatiguée en cette fin visite et mon attention s’est un peu relâchée. Je retiens particulièrement de cette salle le monumental tableau sur l’histoire normande ainsi qu’un magnifique bouquet de lilas.
Et puis parce que rien n’est jamais parfait, il y a aussi les petits soucis : les éclairages qui gênent la lecture des cartels car le visiteur doit se positionner entre la lampe et le cartel pour le lire. La typographie des cartels est d’ailleurs un peu petite et de nombreuses personnes se sont beaucoup penchées pour les lire (certains ne peuvent pas). Ces deux gênes ont aussi l’avantage de créer une complicité entre les visiteurs. C’est assez facile qu’on a de la compagnie comme le soir de l’ouverture. C’est d’ailleurs ce que j’ai trouvé de très agréable, tout les visiteurs de ce soir-là étaient heureux, j’ai pu échanger avec plusieurs sur la taille et la couleur des typos mais aussi sur Hubert Robert, exposé actuellement au Louvre, nous en reparlerons.
Petit mot sur l’architecture, l’espace a été conçu pour optimiser la conservation des œuvres : murs aveugles et éclairage artificiel uniquement. Le parquet apporte une certaine chaleur à l’espace et compense assez bien le manque de vision extérieure. La scénographie est assez simple : les murs sont colorés en fonction de la donation. Il n’y a pas beaucoup d’endroits pour s’asseoir et contempler. Mention spéciale pour le logo des toilettes qu’on trouve au cours du parcours, très habilement placé à proximité de marines.
J’ai passé une excellente soirée et c’était une très belle découverte. Vivement le développement de la programmation de médiation grand public ainsi que les expositions temporaires.
Le musée Thomas Henry est maintenant ouvert du mardi au vendredi, de 10h à 12h30 et de 14h à 18h, le samedi et le dimanche de 13h à 18h. Fermé les lundis et jours fériés. Pour plus d’informations : allez sur le site de la ville de Cherbourg. /!\ Le musée (ainsi que tous les musées régis par la ville de Cherbourg) est gratuit le mercredi /!\
Je vous dirai bien d’y courir mais ce n’est pas prêt de fermer. Alors juste allez-y !