La séparation des collections d’ethnographie du Musée de l’homme a du bon ! Cela permet la présentation d’expositions variées et spécialisées comme ce regard sur le chamanisme en Equateur précolombien au Quai Branly. Un sujet donné, une géographie précise, une période historique restreinte. Un beau dossier mis en espace, un voyage dans les contenus.
Au départ, je venais au Quai Branly voir l’exposition Persona et allait voir Chamanes et divinités plus par opportunisme que par véritable envie. Disons que le chamanisme ça m’intrigue mais je suis plus intéressée par l’Amérique du Nord que par l’Amérique du Sud. Question de soleil ? Ou peut-être parce que mes connaissances en chamanismes se limitent à Frère des ours et Pocahontas. Le sujet hyper précis me laissait présager d’une exposition d’expert, un truc un peu hermétique. Et puis non, en fait, j’y ai trouvé mon compte, sûrement autant qu’un spécialiste. Mais sûrement pour des raisons différentes.
N’étant pas spécialiste du sujet, je l’ai un peu survolé. J’ai lu plus que regardé. Les textes étaient très intéressants, bien hiérarchisés et pas trop longs. Les textes principaux, plus longs, étaient traduits en anglais et en espagnol. Les textes intermédiaires étaient traduits en anglais seulement et les cartels étaient essentiellement en français, à part pour les objets phares, traduis en anglais. Ainsi, l’exposition est globalement accessible en trois langues, et la pluralité des langues permet de repérer ce qu’on a surtout voulu mettre en avant et ce qui est plutôt un approfondissement.
L’introduction de l’exposition se veut volontairement très contextuelle. De qui parle-t-on, de quand parle-t-on, d’où parle-t-on. On passe assez vite aux grands principes de l’animisme chamanique, aux dieux-animaux, aux transes. Ce que j’ai beaucoup apprécié c’est de voir de grands paysages colombiens, des cartes sur les différents peuples et périodes évoquées. Et puis il y avait aussi un écran avec des photos d’animaux associés à leur rôle ou fonction chamanique. Cela donne du bagage pour la suite de l’exposition, c’est assez vivant et ça fait un lien avec le présent.
L’exposition a deux parties principales : les savoir-être et les savoir-faire. La place du chamane, son rôle social, ses caractéristiques physiques, ses attributs sont d’abord évoqués. J’ai notamment remarqué la partie sur les ornements et bijoux. A la transition (ou presque) entre les deux parties, il y a une salle vidéo qui synthétise un peu toute l’exposition. C’est une réalisation équatorienne qui m’a bien convenue. Cela permet dans une animation de replacer le chamanisme dans l’histoire, les pratiques religieuses précolombiennes, etc. La seconde partie de l’exposition porte sur les moments de la vie où le chamane est requis, les maladies, les incantations, les rites de passages. C’est à ce moment, vers la fin de l’exposition, que j’ai découvert qu’il y avait des chamanes femmes. J’ai trouvé ça très intéressant. D’autant qu’en fin de parcours je m’étais un peu perdue dans mes pensées et ça m’a permis de me concentrer à nouveau.
Les objets exposés sont très liés entre eux et pas seulement par la thématique. On peut voir des liens de formes, des typologies d’objets. Les statuettes rituelles sont présentées comme une BD serait illustrée et c’est assez agréable. On voit très vite le lien entre le contenu et l’objet et entre les objets aussi. De manière rétro-active, ça m’a fait pensé à Carambolages au Grand Palais. Le regard passe d’objet en objet dans la vitrine et d’un objet à l’autre on remarque les différences et les constances.
Pour une découverte thématique, les conditions étaient plutôt bonnes. Je ne ferai pas du chamanisme pré-colombien ma nouvelle passion mais c’était un moment d’ouverture très agréable.
Vous avez jusqu’au 15 mai 2016 pour aller voir l’exposition Chamanes et divinités au musée du Quai Branly.
Celle là, j’aurai bien aimé la voir… malheureusement trop loin, je n’ai pas trouvé le temps de m’organiser un week-end. A voir ton compte rendu, je le regrette un peu.
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