Hubert Robert, peintre d’architecture au Louvre

Le musée du Louvre propose jusqu’à la fin du mois de mai une exposition sur le peintre Hubert Robert. La muséographie permet de découvrir les différents aspects de la vie de cet homme, artiste si caractéristique de l’esprit des Lumières, témoin des remous de son temps et qui a laissé son empreinte sur ce grand musée.

Comme dans les autres expositions temporaire du Louvre, les photographies sont interdites. Ne sachant pas assumer le fait de prendre des photos quand celles-ci sont clairement interdites, j’ai préféré ne pas en prendre. Grâce au journal de l’exposition, j’ai pu trouver les reproductions qui permettront l’illustration de cet article concernant les œuvres. Pour ce qui est de la scénographie, n’ayant pas trouvé de photographies sur le net, je ne pourrais que vous la décrire. Les couleurs étaient claires, les lettres des textes collées sur des panneaux mobiles, comme des planches peintes, laissées contre le mur. Osé dans un espace censé accueillir beaucoup de monde ! Je n’en ai pas vérifié la stabilité pour autant. Le moment de ma visite n’était pas des plus fréquentés.

J’avoue qu’Hubert Robert était un peu passé à la trappe de mon histoire des musées. Et pourtant, c’est un homme plutôt important et surtout intéressant. L’exposition suit la chronologie de sa vie, son parcours est détaillé époque par époque. De salle en salle, on voyage et évolue en même temps que lui. Ce qui est intéressant dans cet accrochage chronologique, c’est de percevoir les réutilisations de certains motifs tout au long du parcours de l’artiste et jusque assez loin. Ça montre la composition des tableaux, leur côté artificiel alors qu’ils semblent la copie du réel. Les dessins d’après nature/réalité sont exposés à côté des tableaux réalisés. Cela permet de voir les décalages.

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Hubert Robert, L’Escalier tournant au palais Farnèse à Caprarola, sanguine, Musée de Valence.
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Hubert Robert, L’Escalier tournant du palais Farnèse à Caprarola, huile sur toile, Musée du Louvre.

D’autant qu’Hubert Robert a aussi fait des rêves architecturaux. Et ça en jette !

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Hubert Robert, Caprice architectural avec un canal, huile sur toile, musée de l’Ermitage.

Mais le chemin est long pour arriver à ces fantaisies picturales. Au départ Hubert apprend le métier de peintre et surtout d’architecte. C’est d’ailleurs pour ça qu’il gagne le prix de Rome. Il part alors dix ans dans la ville éternelle pour peindre. Il peint essentiellement des architectures dans des paysages.

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Hubert Robert, Jardin d’une villa italienne, huile sur toile, Musée des beaux-arts du Canada.

Pendant la décennie romaine, il se fait un pote du nom de Fragonard. L’exposition présente une section qui compare les œuvres des deux artistes. Cela permet de voir les transformations d’un motif dans les interprétations des deux artistes mais aussi leur touche. Les femmes de Fragonard sont déjà bien roses et dans des poses bien élaborées quand les postes des personnages (moins nombreux) de Robert sont plus élégants et dans des poses étudiées et sages

A ce moment de l’expositon, ce qu’il était intéressant de remarquer c’était que certaines œuvres correspondant à ce que Robert a peint, sont exposées dans les galeries de peinture du Louvre. Cela peut faire un parcours parallèle et propose un chouette prolongement à la visite de l’exposition. Autant profiter du ticket groupé… Encore faut-il se rappeler des œuvres indiquées. Un petit document, ce serait utile une fois de temps en temps.

Robert a beaucoup de succès, de nombreuses commandes et fait donc de nombreux tableaux. Les salles se suivent sur des thématiques où l’on retrouve les grandes époques de la vie de Robert mais aussi les grands bâtiments de Rome rassemblés ou séparés dans différentes œuvres. Témoin de son temps, Robert voit donc les premières fouilles archéologiques du XVIIIe et en fait des tableaux ! Parce que c’est à la mode, dont ça se vend… On y croise le fameux Laocoon. Ce qui va avec l’archéologie, ce sont les ruines mises à jour. L’avantage pour Robert c’est que ça allie architecture et mode. C’est dans un de ces tableaux qu’on trouve un motif présent à d’autres endroits dans les tableaux de l’exposition.

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Hubert Robert, Les Découvreurs d’antiques, huile sur toile, Valence.

Robert élargit parfois ses œuvres à des paysages avec des personnages, prétextes à une représentation d’architecture. L’exposition enchaîne les différentes modes auxquelles Robert a participé. L’horreur et le sublime succèdent à l’antiquariat et aux ruines. Mais Robert a aussi peint pour lui, des petites scènes de genre issues de sa vie familiale mais aussi des polichinelles.

Très reconnu de son temps, Robert est également décorateur et on conserve de lui un des premiers ensemble, réalisé pour le château de Rambouillet. Bien ancré dans son temps, comme on l’a vu, Robert a également peint Paris. A la manière de Rome tout d’abord : en rassemblant ses monuments marquant dans une synchronie impossible. Mais aussi en projetant la ville dans ses ruines.

Le problème à la fin du XVIIIe siècle, quand on est bien vu dans les hautes sphères de la société c’est qu’à la Révolution, quand toutes les cartes sont redistribuées, c’est assez mal vu. Du coup Robert fait un tour à la prison de Saint Lazare. Il est plutôt bien traité, peint sur des assiettes et par la suite, fait des tableaux de son expérience.

Vu son parcours de peintre, son succès et ses relations ont mené Hubert Robert à des fonctions hautes et intéressantes : dans les années 1770-1780, la garde des tableaux du roi lui est confié ainsi que la gestion du Louvre. Après l’épisode révolutionnaire, un peu nostalgique, Robert peint des vues du Louvre. A la fois dans sa splendeur mais il imagine aussi sa destruction.

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Hubert Robert, Vue imaginaire de la galerie du Louvre en ruines, huile sur toile, Musée du Louvre.

C’est ce sur quoi l’exposition s’achève. Ce n’était pas la première exposition que je voyais au Louvre, mais c’est la première que j’ai aimé ! J’avais eu la malchance d’en voir deux qui se ressemblaient beaucoup, où la muséographie était presque absente, l’accrochage était bateau et le sujet, bien qu’intéressant sur le papier, mal mis en valeur, surtout à cause d’une scénographie un peu terne. Ou alors je suis passée complètement à côté, ce qui est possible. Là, j’ai trouvé les espaces clairs, aérés et en plus ils avaient du sens. Le parcours était intéressant et facile à suivre. Encore une fois, cette accrochage chronologique avec les répétitions de modèles m’a permis, dans les différents espaces de modes, de maintenir mon intérêt pour les tableaux. Les grands formats étaient également saisissants ! Et puis certaines salles apportaient un contenu et un regard très précis sur la vie de l’artiste, un côté document historique que j’affectionne.

En tout cas, c’est une exposition que je vous conseille vivement ! Pour un autre point de vue sur l’exposition, je vous propose l’article de Culture Communication. C’est jusqu’au 30 mai 2016 au musée du Louvre.

 

 

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