En weekend dans le Nord, je suis allée en famille* visiter la maison de la Chicorée de l’entreprise Leroux à Orchies. Une balade dans une tradition du Nord.
L’entreprise Leroux existe depuis 1858 à Orchies. L’industriel Jean-Baptiste-Alphonse Leroux rachète alors une usine qui fait notamment de la chicorée mais aussi du chocolat, de la moutarde et du tapioca, avant de se spécialiser uniquement dans la chicorée. L’entreprise a connu des aléas notamment à cause des faits historiques mais a toujours su rester à flots et à innover pour faciliter l’utilisation de la chicorée. Très produite et encore très consommée dans le Nord, la chicorée est une racine de la famille des endives aux vertus digestives connues depuis l’Antiquité. Dans l’objectif de présenter l’histoire de la chicorée mais aussi celle de l’entreprise, la maison historique des Leroux a été transformée en musée. Il s’agit donc d’un musée privé, qui fait aussi partie du réseau Proscitec, qui réunit des musées techniques du Nord. C’est toujours un peu particulier de visiter un musée d’entreprise. L’objectif est à la fois patrimonial et commercial. L’image de la marque est importante et l’exposition doit valoriser le produit tout en valorisant l’histoire de l’entreprise.
Pour une entreprise ayant plus de 150 ans, avoir un musée, ça a du sens. D’autant que c’est un moyen de valoriser une belle ancienne maison bourgeoise. La visite est payante mais la dégustation gratuite. La visite s’articule en deux partie : une sur la chicorée et l’autre un peu plus sur la famille Leroux et sa collection de pots à chicorée. La visite commence par un film (très vieillissant avec des problèmes de lecture, de son et d’images) dans une salle digne du cinéma de quartier. La vidéo pourrait suffire à la présentation du produit et de l’histoire de l’entreprise. Elle se répète d’ailleurs un peu sur la tradition de consommation du produit. L’insertion de films documentaires sur l’entreprise ainsi que des anciennes publicités (avant que les marques ne soient autorisées à faire de la pub) donnent un caractère vivant et ethnographique à ce début de visite.

L’exposition commence ensuite et va venir répéter et augmenter le contenu. C’est au visiteur de faire le tri entre ce qu’il a déjà retenu de la vidéo et ce qu’il peut apprendre des panneaux. Leur ordonnancement dans l’espace est d’ailleurs assez étrange. Certaines thématiques ont plusieurs panneaux mais en sortant de la salle de cinéma on commence par voir le n°3 et finit par le 1. Tant pis pour la chronologie visiblement souhaitée. Les objets publicitaires sont bien présents et ont rappelé des souvenirs à mes parents et leurs cousins.
La deuxième partie de la visite se passe dans l’ancienne maison bourgeoise des Leroux. On entre par la salle de chasse. Très belle avec sa table à gibier et ses range-fusils. La peinture des murs souffre un peu mais rien de bien grave. C’est l’occasion de présenter à nouveau la généalogie des Leroux. Elle est déjà présente dans la vidéo d’introduction mais cela permet un rappel. Il y a également un bureau avec des sculptures dont on ne connaît pas l’origine

en visitant. C’est plus une salle d’ambiance qu’un véritable espace sémantique pour la visite. Ce sont les salons qui m’ont le plus déçue d’un point de vue médiation. On voit deux très belles salles, un salon inspiration XVIIIe ainsi qu’une belle double salle très typique de l’esprit XIXe début XXe siècle. Elle se finit par une avancée en véranda qui a beaucoup de charme. Ces salles servent à exposer la collection Leroux de pots anciens à chicorée. La collection est belle et les objets présentés sommairement par leur époque et origine géographique. Mais il n’y a pas vraiment de présentation de cette collection, bien qu’elle soit évoquée dans la vidéo. Pire, et c’est ce qui a le plus manqué à la visite, il n’y a pas réellement de présentation des pièces. A quoi servaient-elles ? D’où vient leur décoration ? Il y a vraiment quelque chose à faire autour du mode de vie bourgeois du tournant du XXe siècle qui trouverait ici un magnifique support. De toute façon, le musée n’est pas orienté vers la vie des ouvriers et employés de l’usine. Quitte à concentrer le propos sur les Leroux, autant aller jusqu’au bout !
La visite s’achève par un espace dégustation en autonomie. Peu habitués à la consommation de chicorée soluble, nous n’avons pas été conquis par le goût. Les Amandinois qui nous accompagnaient, nous ont informés de notre mauvais dosage de cette poudre. Ainsi, l’autonomisation de la dégustation ne met pas forcément dans les meilleures conditions pour apprécier le produit. Surtout s’il s’agit d’une découverte. Ca n’engage pas à repartir avec le produit, vendu à la boutique. Cette dernière, importante dans un musée d’entreprise, est bien achalandée, les produits Leroux sont mis en valeur et la gastronomie locale bien présente. Quelques livres et cartes postales complètent l’aspect musée de la boutique.
La visite du musée de la chicorée est un moment plaisant, quoiqu’un peu cher (6€ pour les adultes) pour l’offre. La maison Leroux est très belle mais pourrait gagner en mise en valeur et en médiation. La vidéo d’introduction, bien que vieillissante, a un très bon scénario. C’est une étape à mettre dans votre découverte du patrimoine du Nord.
Petit bonus : ce musée accepte les chiens. La preuve en photo :

*en famille signifie ici que je suis la plus jeune…