Le petit Mémorial à Falaise, pour les civils

Parmi les événements du printemps-été par chez moi, il y a Normandie Impressionniste mais il y a aussi des inaugurations dont je vous parlerai ici, la Normandie retrouve deux musées rénovés et en compte un nouveau à Falaise. Le Mémorial des victimes civils est le petit frère du Mémorial pour la paix de Caen, c’est la même équipe qui l’a réalisé. C’est une façon d’honorer les victimes civiles, de l’occupation aux bombardements et à la libération. Mais aussi de se rappeler que la bataille de Normandie, ce n’est pas seulement le débarquement mais aussi la poche de Falaise-Chambois où les combats ont été longs et particulièrement mortifères pour les civils.

Installé dans l’ancien tribunal, construit sur des ruines d’habitations, dans le pur style reconstruction, le mémorial des victimes civils partage la place avec le château de Falaise (qui vaut vraiment le détour), la mairie, l’église et l’office du tourisme. Vous trouverez plus loin, un peu à part dans Falaise, le musée des automates. Bref, il y a des choses à voir et à faire à Falaise, ça vaut le voyage.

IMG_20160509_154926Le premier contact avec le mémorial de Falaise est plutôt agréable, personnel disponible et souriant. Je ne sais pas si ça joue mais j’y suis allée le premier jour de l’ouverture au public. L’espace est clair et ça sentait la peinture fraîche (et la poussière toute neuve comme dirait l’autre) à certains endroits. Le parcours commence au deuxième étage, se poursuit au premier et finit au rez-de-chaussée. Cela complique un peu l’explication du parcours car le premier niveau de l’expo est le deuxième étage et vice-versa. En tout cas j’ai eu le souci en racontant ma visite à mes proches. Ce premier niveau/deuxième étage est accessible par escalier ou ascenseur. L’escalier, comme tous les espaces de circulation hors parcours sont tout de même muséographiés par l’ajout de lettres d’un abécédaire qui commence à l’extérieur et se poursuit en fil rouge. Il y a ainsi des contenus du parcours un peu partout, mais pas encore dans les toilettes, qui sont pourtant le lieu le plus visité de chaque musée… (c’est un nouveau petit combat personnel). Arrivé au deuxième étage, une grande verrière ouvre sur le paysage et c’est juste très beau !

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Et puis le parcours commence. Faciliter l’immersion par une scénographiée étudiée est un des points forts des équipes du Mémorial de Caen. Les espaces sont à la fois abstraits et un peu reconstitués. Suffisamment abstraits pour qu’on reste dans l’ambiance musée et qu’on conserve la distance, suffisamment concrets pour matérialiser une réalité historique auprès d’une génération qui ne l’a pas connue. La scénographie donne le ton et l’ambiance dans laquelle le visiteur doit se trouver. Elle permet de mettre en avant les différentes parties de ce premier niveau dont le plan est finalement assez ouvert et participe au parcours et à la présentation des contenus. Un bel exemple de scénographie signifiante dans une exposition.

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Je mettrai un bémol sur la luminosité, beaucoup de choses sont rétro-éclairées et ça peut être assez désagréable. Surtout pour moi ce jour-là car mes yeux me faisaient vraiment souffrir. D’autre part c’est parfois gênant pour voir les objets et les prendre en photo. La scénographie peut aussi prendre le dessus comme dans le passage sur les femmes où le papier peint derrière le texte sur support transparent ne facilite pas la lecture.

Les thématiques abordées permet de brosser un paysage globale des aspects de la vie sous l’Occupation en France et particulièrement en Normandie. J’ai appris des choses dans les premiers panneaux, sur la mise en place de l’Occupation. Les documents cartographiques sont particulièrement bien faits.

IMG_20160509_161542.jpgDes tablettes proposent des documents supplémentaires mais honnêtement je n’ai pas accroché à ces supports. En voir certains en panne au premier jour était aussi assez gênant mais ce sont les aléas d’ouverture. Leur groupement par trois permet de compenser ces pannes tout en facilitant la consultation à plusieurs. Différentes hauteurs sont prévues pour s’adapter aux publics. Autre chose que j’ai remarqué dans cette scénographie si belle c’est ce vidéoprojecteur aparant. Oui je pinaille mais les ouvertures vont avec les attentes et il est moche ce vidéoproj, non ?

Le deuxième niveau/premier étage a une ambiance plus agréable : lumière naturelle et espace beaucoup plus clair toutefois, ce qui m’a déçu à ce niveau, c’est un côté beaucoup plus light sur les contenus. Plus clair, plus léger pour un sujet qui au contraire me semble plus grave. On retrouve toutefois la dichotomie obscur/clair qu’on peut voir au Mémorial de Caen.

IMG_20160509_164418.jpgLe sujet principal tourne autour des bombardements et des mouvements de population qu’ils entraînent. Le sujet est alors élargi à tous les bombardements qui ont eut lieu pendant la Seconde Guerre mondiale et pas seulement en France et pas seulement en Normandie. Une carte du monde est présentée avec les grands bombardements.

Ce qui a gêné mes co-visiteurs de plus de 60 ans ? Le fait que tous les bombardements ne soient pas présentés. Du coup, ils avaient un sentiment d’incompréhension et de doute par rapport à leurs connaissances. Ils n’avaient pas remarqué l’astérisque indiquant ce choix muséographique… La scénographie se fait plus légère mais un élément peut faire particulièrement sens : des reproductions de tracts, largués par avion avant les bombardements indiquant aux populations de se mettre à l’abri. Je les ai reconnus mais je n’ai pas trouvé l’indication grand public donnant cette information…

Il y a plus de numérique et de grands visuels dans cette partie de l’exposition, n’ayant pas forcément accroché au système des tablettes, j’ai du passer largement à côté de cette partie. Il y a quelques textes et quelques objets, dont une bombe. Du coup, j’ai trouvé ce premier étage un peu bof comparé au premier qui m’a vraiment plu d’un point de vue sémantique.

IMG_20160509_160232.jpgCe que j’ai trouvé vraiment fantastique et bien fait c’est tous ces écrans présentant des témoignages de personnes enfants ou jeunes pendant cette période, qui ont vécu l’Occupation et la Libération. Ils sont présentés par leur nom, commune et âge pendant la période. Les vidéos ne seront ainsi pas obsolètes et ces personnes pas bloquées à un certain âge. Toutes les grandes thématiques sont abordées et les témoignages suffisamment variés pour se nuancer entre eux. Tout le monde n’a pas bien mangé à la campagne mais tout le monde n’a pas souffert, il y a des gens qui ont bien vécu avec les allemands sans pour autant coopérer quand d’autres n’ont vraiment pas aimé ça, et ainsi de suite. C’est pour moi le vrai gros point fort de ce musée. Il donne la parole à des gens, qui vont inévitablement disparaître, et conserve cette mémoire pour les générations futures. Les entretiens ont du être longs et riches, ils sont parfois drôles et parfois émouvants. Je les ai tous regardés en entier, les extraits sont suffisamment longs mais pas trop, faciles à regarder debout. Sur la fin, les murs sont matelassés, c’est une invitation !

La dernière image de l’exposition est la photo de ce petit garçon, dont le sourire dans les ruines laisse une note d’espoir et de positif pour la Reconstruction à venir, même si celle-ci va prendre du temps.

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IMG_20160509_171012.jpgAvant de partir définitivement du musée, une expérience est proposée au visiteur par le biais d’un film immersif. Ce film propose au visiteur de revivre une séquence de bombardements. Le film a lieu dans une salle au sol en verre ouvrant sur les fondations d’une ancienne maison de sinistré sur laquelle le tribunal a été construit et donc le musée. Des fouilles ont mis cet escalier de cave à jour, à l’endroit même où la salle de projection était prévue. L’impact d’une bombe incendiaire est toujours présent ainsi que des objets laissés, dont une poupée. Retrouvés sur place ou placés là intentionnellement ? La question reste… D’ailleurs, je n’ai pas vraiment vu d’explication à ce sujet. J’ai seulement entendu des falaisiens en parler en attendant le début du film.

Quelques minutes et le film commence, décollage des avions, sirène, évacuation et repli vers les abris et puis bombardement. Le son des basses est tellement fort que tout vibre et donne l’impression (pour le moins à quelqu’un qui n’en a jamais vécu) de vivre l’expérience proposée. C’est juste assez long pour qu’on pense que ça ne va pas s’arrêter. Et puis finalement bien sûr ça s’arrête. C’est une expérience assez troublante, déconseillée au petits parce que j’ai été impressionnée (comme disent les médias). Et même si je suis une petite nature, ce n’est pas une expérience que je conseille aux enfants mais pour des plus grands, sans aucun doute !

Le Mémorial des victimes civiles de Falaise est ouvert tous les jours de 10h à 19h pendant l’été. Vous trouverez toutes les infos sur le site.

3 commentaires sur “Le petit Mémorial à Falaise, pour les civils

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    1. lien thématique et une certaine complémentarité je dirai. Je n’ai pas étudié l’offre complète en terme de médiation. La communication et le management de communauté sont sûrement groupés aussi. Il y a des liens fonctionnels tout du moins…

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