Toutes les newsletters, blogs et museogeeks en parlent, on peut maintenant chercher des pokémons partout et partout c’est aussi dans les musées. Il y a des avantages et des inconvénients et le temps nous dira si c’est un jeu qui prend ou qui est abandonné. De grands débats ont lieu : encourager, en profiter, interdire ?
D’abord, je pense nécessaire de mentionner que je fais partie de la génération Pokémon, j’y ai joué à l’école. Etant passablement geek en plus, j’ai téléchargé l’appli avant sa sortie. C’est une expérience assez agréable. Je sors de chez moi pour jouer, marche plusieurs kilomètres et découvre de nouveaux endroits. Par nouveaux endroits, j’entends aussi bien lieux que curiosités culturelles, patrimoniales et naturelles. Quand un leurre est lancé sur un pokéstop, il y a plus de joueurs et la raison de leur présence ne fait aucun doute. Ainsi on rencontre des gens et, pour ma part, je n’aurai sûrement jamais rencontré ces personnes autrement. Les échanges entre personnes peuvent motiver des visites à d’autres endroits, certes d’abord à fin de chasses au Pokémon, mais on ne peut pas aller à un endroit sans ignorer ce qu’il est (le nom est inscrit sur l’écran avec une photo). De plus, le joueur doit rester conscient de son environnement et on découvre ainsi de beaux endroits. Et pour moi qui apprécie beaucoup les promenades, elles gagnent ainsi un objectif (aller à tel endroit, marcher tant de kilomètres, ça me ferait presque croire que je suis sportive) ce qui motive encore plus mes déplacements.
Travaillant cet été dans un musée, j’ai aussi pu constater que de nouvelles personnes passaient à proximité, regardant attentivement leur téléphone, stationnant au pokéstop ou à proximité des arènes. La ville est plutôt bien fournie en pokéstops, on peut faire des petits circuits sympas où le musée s’insert bien, parmi d’autres lieu historico-culturels. Mes instincts de museogeek m’ont soufflé qu’il y avait sûrement quelque chose à faire car ces personnes découvrent, pour certains, qu’il y a un musée dans leur ville, qu’il y avait un château ou encore la présence d’un temple protestant. Les calvaires et sculptures urbaines sont mis en valeur alors qu’ils font partie d’un décor quotidien, presque invisible. D’un point de vue touristique, on pourrait imaginer des visites urbaines au rythme des pokéstops et des pops de pokémons. Inciter, par un affichage stratégique, à la visite du musée entre deux activations de pokéstops ou tournoi à l’arène. Organiser une visite, dédiée aux joueurs, qui s’achève par l’activation d’un leurre. Engager simplement la conversation avec ce nouveau public arrêté à un endroit précis.
Ce phénomène, quand bien même il serait éphémère, est une opportunité, pour les sites culturels, de capter des publics désintéressés des musées. Nier l’utilisation et les joueurs serait accentuer le fossé entre ces potentiels visiteurs et l’institution culturelle. L’encourager peut être problématique, certain musée auront des problèmes éthiques quand ils abordent une thématique de mémoire, d’autres des problématiques de flux ou encore simplement de réseau. Je pense toutefois que pour pas mal de petits musées urbains (voire ruraux où ils seraient des pokéstops isolés), Pokémon go peut être une opportunité à saisir avec nuance et réflexion.
Pour pas mal de joueurs, je pense que passer la porte du musée est un effort en soi. Leur demander de s’intéresser à ce qu’ils voient en dehors de leur écran de smartphone (hors raison de sécurité bien sûr) est une étape secondaire, venant nécessairement, mais dans un second temps voire au fil d’une habitude de fréquentation détournée de la visite culturelle. L’institution muséale souffre suffisamment de ses hauts murs, de ses règles et de ses portes et fenêtres fermées pour se draper dans une attitude qui met à distance des visiteurs indirects. Chacun vient comme il est, avec ses bagages et ses envies et si cette envie est de se promener à la recherche de pokémons, ce sera au moins l’occasion de découvrir un lieu finalement ouvert, accueillant et pas si coincé. Ces visiteurs peuvent aussi apporter de la vie et de l’animation à ces lieux souvent trop silencieux.
Voilà pour ce qui est de mon point de vue après quelques semaines d’utilisation tant en ville que dans des musées. L’occasion aussi de mentionner peut-être un prochain billet sur les cosy corner, lieu de repos et de détente dans les musées avec fauteuils, livres et possiblement prise de courant et (pourquoi pas wifi), car j’en voit de plus en plus. Ces lieux peuvent être de bons endroits à développer comme lieu de pause pour les visites, pour la détente ou pour l’environnement dans lequel ils sont…
Cet article est très intéressant et je suis contente d’avoir appris certaines choses à propos de ce jeu ! Je ne joue pas du tout à ce jeu et avoue même avoir du mal à comprendre cet engouement, mais le fait de voir les avantages que tu écris ici me fait peut-être changer d’avis ! (d’un point de vue culturel et social surtout !). Je ne sais pas si les Pokémon sont placés selon un choix particulier, mais c’est vrai que de les mettre à proximité d’endroits culturels est une bonne idée pour faire découvrir à certains joueur le patrimoine culturel !
A réfléchir ! 🙂
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Les points d’intérêts sont importés d’une autre base de données pour un autre jeu mettent l’accent sur les curiosités urbaines : street art, monume nts, magasin anciens, sculpture remarquables, eglises, lieux de cultes et culturels. Merci pour le commentaire et bon dimanche.
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