Un été au bord de l’eau à Saint-Lô

Après Jongkind, le musée de la ville licorne propose une exposition sur le mode de vie balnéaire en Normandie avec des objets de musées normands et des œuvres du musée Bonnat-Helleu de Bayonne.

Depuis environ deux ans, le musée des beaux-arts de Saint-Lô entame une renaissance. Le parcours permanent a été revu et réorienté vers l’histoire de la ville et, depuis cet hiver, des expositions temporaires d’une envergure nouvelle ont lieu. Un changement de conservateur-directeur et des recrutements ne sont pas sans en être la cause.

Ce qui m’avait frappée, lors de ma visite de l’expo Jongkind, c’est la qualité des textes : brefs, précis et clairs. C’est ce que j’ai retrouvé pour cette exposition estivale. Comme pour l’exposition d’hiver, le budget est visiblement passé dans les transports des prêts (et leur assurance) et ça se ressent dans la scénographie. Les textes sont imprimés au copieur, sur des formats A3 et épinglés au mur. Les cartels sont quand même sur carton plume. L’avantage que je vois à imprimer en interne les textes : le temps ! En effet, ils sont du coup faciles à corriger et à revoir, jusqu’à la dernière minute et même après l’ouverture. La grandeur de la page limite le mètre de texte et permet de faciliter la lecture. D’autant que la police de caractère choisie est lisible et plutôt grosse. Elle fait toutefois des choses étranges quand elle est mise en italique mais ce n’est qu’un détail. D’autre part, certains cartels sont installés à la gomme fixe, plutôt original. Je préfère toutefois une exposition qui aura privilégié le travail scientifique, les recherches, les prêts et la médiation plutôt que valoriser le graphisme et une scénographie sensationnelle.

imgp9053
Source : Journal La Source, Saint-Lô

Le parcours est assez intéressant : le visiteur tourne autour d’une cimaise où les activités de la journée sont déclinées les unes après les autres. Les moments sont repérés par des couleurs de cimaises différentes. Les vitrines sont intégrées dans les parois, de manière simple et efficace. Après une introduction sur la mode des bains de mer, nous arrivons au moment de la toilette : portraits de femmes et produits de beauté. Nous passons ensuite à la mer : bateau, plage, toujours des portraits de femmes, mais aussi des caricatures de SEM réalisées à Trouville. Après les activités diurnes, la nuit ! Avec la sociabilité des villégiatures et les robes de soirées. L’exposition s’achève sur un clin d’oeil météorologique : les jours de pluie. Et oui, il pleuvait déjà en Normandie l’été au XIXe siècle ! Il aurait été intéressant pour mettre encore plus en avant l’aspect chronologique de faire la rotation dans le sens horaire plutôt qu’antihoraire et  pourquoi pas d’avoir un cadran d’horloge au sol ou les heures affichées.

L’exposition met en avant les liens possibles entre l’art et l’histoire en mêlant les œuvres d’un artiste (l’expo aurait très bien pu être une monographie) et des objets pour créer une histoire dépeignant le mode de vie de personnes à un certain moment dans un certain

endroit. L’objectif est de suivre la journée d’une femme en villégiature en Normandie au XIXe siècle. Les thématiques abordées ne sont pas nouvelles et sont, ou ont été, longuement développées dans d’autres musées de manière permanente (MAH Granville, Musée Villa Montebello Trouville, …) ou temporaire (MBA Caen, Musée Richard Anacréon Granville, Musée de Vire, …). Ces musées sont par ailleurs prêteurs de l’exposition, ainsi que les archives départementales. Les mises en scènes sont assez classiques, certains tableaux ont déjà été exposés lors de la précédente édition de Normandie Impressionniste à Caen, dont le thème était l’eau. Cette année pour la thématique du portrait, c’est celui de la femme bourgeoise du XIXe qui est présenté. Au Musée des beaux-arts de Caen, ce n’était qu’une toute petite partie.

IMG_20160705_174457.jpg

Centrer une exposition sur la femme, c’est aussi présenter son rôle social. Que fait une femme bourgeoise au bord de la mer en villégiature à cette époque ? Elle fait en sorte d’être belle, de se montrer, de profiter de l’air marin, voir de la vague, mais sans bronzer ! Elle pose pour son mari peintre dans la journée, en train de lire ou de regarder le paysage. Et le soir, elle participe au soirée de la bonne société dans des robes blanches que seule Coco Chanel viendra détrôner avec ses robes noires. C’est une existence bourgeoise, un peu vaine, un peu triste aussi pour ce que j’en pense. L’exposition se garde toutefois de porter un jugement et laisse au visiteur le soin de se faire son opinion.

IMG_20160705_174600.jpg

Une exposition honnête qui montrera, j’espère, aux élus la portée, l’intérêt et le potentiel de ce musée en régie directe. L’autorisation de créer des réseaux sociaux serait aussi un plus et permettrait à ce musée de rayonner et de prendre une autre ampleur, tant auprès des publics qu’auprès de la communauté muséale et culturelle qui s’y trouve déjà !

IMG_20160705_175651.jpg

Sous le soleil de Normandie… une journée à la mer au temps des impressionnistes est à voir au musée des beaux-arts de Saint-Lô jusqu’au 18 septembre 2016.

2 commentaires sur “Un été au bord de l’eau à Saint-Lô

Ajouter un commentaire

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Image Twitter

Vous commentez à l’aide de votre compte Twitter. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s

Propulsé par WordPress.com.

Retour en haut ↑

%d blogueurs aiment cette page :