On en voit de plus en plus dans la presse, des sites se spécialisent : les musées et sites patrimoniaux engagent les visiteurs à participer au financement du site ou à des projets de mécénat ! Pourquoi un tel engouement pour le financement participatif patrimonial ?
Au départ, il y a un engouement pour la participation à des projets et des difficultés pour ces derniers de trouver des financement qui aboutissent à une réglementation en 2014. Si les premières plateformes concernent la musique, elles se diversifient rapidement pour aider le financement de publications, de projets associatifs, de reportages etc. Les musées ont vite compris leur intérêt à lancer de telles initiatives.
Pour le musée c’est évidemment une façon de récolter des fonds, en période de restrictions budgétaires, de report du mécénat d’entreprise sur d’autres problématiques (écologie, social, etc.). Mais cela permet aussi de répondre à un autre besoin du musée : élargir son public et l’impliquer dans son fonctionnement. En effet en participant financièrement à un projet, on en devient un acteur et dans le cadre du mécénat d’acquisition ou de restauration, c’est également une façon de s’approprier les collections. Notamment quand la contrepartie consiste à apposer son nom à proximité de l’objet.
Ce n’est pas naturel pour un musée, de nos jours, de faire appel à des financements populaires. On peut se rappeler des souscriptions du 19e et début 20e siècle pour acquérir tel ou tel tableau, rénover ou construire des bâtiments. Mais les collectivités territoriales et l’Etat avaient depuis la main sur les financements des projets culturels. Jusqu’aux années 2010, où il a été nécessaire de revenir à ce système de souscription populaire, version 2.0.
Du côté du public, donner de l’argent à des projets culturels à aujourd’hui plusieurs avantages. D’abord, on reçoit des cadeaux. La plupart des sites culturels proposent des réductions fiscales (66% du don), ainsi les donneurs sont encouragés à faire des dons plus importants et ainsi choisir où vont une partie de leurs impôts. En participant de cette façon, il y a également un sentiment d’appropriation fort du patrimoine et c’est également un moyen de prendre part à la vie culturelle, tout en ayant l’impression de sauver le patrimoine. Autres incitations : les contreparties. Ce sont ces cadeaux (citations, remerciements, cadeaux, goodies, visites privées ou invitations à vernissage) qui sont offerts aux donateurs en l’échange de leur participation.
Pour les musées il faut bien penser à intégrer les contreparties au budget du financement participatif afin que celui-ci soit une réussite. Il faut aussi prendre en compte les 8 à 10 % de frais de gestion perçus par le site. Sans oublier un volet communication. Car, pour qu’une campagne de financement soit efficace, il faut qu’elle soit connue et relayée : mobiliser le réseau des donateurs « habituels », leur proposer de relayer à leurs propres réseaux, sans oublier de passer par les réseaux sociaux et l’affichage local.
Lors du café muséo sur le mécénat en décembre 2015, les différentes présentations m’ont permis de déduire ce budget type afin d’estimer le montant d’un financement participatif :
- Les fonds nécessaires pour le projet
- + 25% pour financer les contreparties
- + 8-10% de frais de gestion
- + budget communication
On se demande alors pourquoi les musées se lancent dans des campagnes de mécénat participatif car cela semble coûter plus cher que ce que cela peut rapporter au projet. C’est parce qu’organiser un financement participatif est tout autant une opération de mécénat que de communication. Auprès des publics habituels du musée autant que ceux qui pourraient le découvrir. C’est dans ce cadre qu’il faut bien choisir sa plateforme : généraliste ou spécialisée. Associer le financement participatif à une démarche de
La démarche est chronophage et elle a un coût mais ça fonctionne plutôt bien à ce qu’en dit le CLIC sur sa page dédiée régulièrement mise à jour. Le CLIC avait par ailleurs mis le financement participatif à l’ordre du jour des journées sur l’innovation dans les musées de beaux-arts.
Pour aller plus loin, je vous propose une petite histoire du crowdfunding sur le site village-justice et un petit précis sur le cadre législatif actuel sur le site du ministère de l’économie.
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