Un des fonds les plus importants du musée des beaux-arts est le fond Mancel, un fond essentiellement composé de gravures reprenant les plus beaux tableaux d’art de la Renaissance italienne mais surtout flamands. Cela est complété par une très belle collection de peintures dont le Dénombrement de Bethléem par Brueghel le Jeune, un des chefs-d’oeuvre du musée. Les collections flamandes étaient jusque-là réparties entre le début du parcours pour le Dénombrement et le fin fond du musée difficile d’accès. Profitant sans doute d’un raccrochage des collections permanentes, le musée des beaux-arts de Caen s’est associé à celui d’Art et d’Histoire de Genêve pour valoriser les fonds des deux musées. La présentation est à l’image d’une très belle dissertation, claire et bien illustrée.
Au départ, on arrive dans un premier espace introduisant le contexte de l’exposition et l’art flamand avec l’apparition des différents genres de peintures. On va aller des genres les plus nobles à la diversification vers des genres moins nobles mais également plus décoratifs. L’influence de l’antique est également évoqué, les liens avec l’Italie et le maniérisme des chutes, que j’ai étudiées en licence et desquelles j’ai participé au récolement. Et puis, on tombe sur le Mur de la montée des anges de Jan Fabre au milieu des peintures religieuses. C’est un pur plaisir de voir cette confrontation entre art flamand de la Renaissance et d’aujourd’hui, celle qui montre plus de références et de continuité que d’opposition. Les thèmes d’hier sont toujours présents dans une interprétation et un rôle pas si différent d’alors.
Peintures et gravures, du musée de Caen et de Genêve, alternent. C’est un plaisir car il y a forcément des découvertes à faire. D’une part, parce que la présentation sur bois peint noir met bien en valeur les œuvres et ça change du fond vert qui va bien aussi aux peintures flamandes mais le noir change le décor. Ensuite, l’agencement différent met en valeur des œuvres que je ne vois pas d’habitude dans leur présentation. Et puis il y a forcément les œuvres du Musée d’Art et d’Histoire que je n’ai jamais vues.
Les différentes sections et espaces se suivent, de parties en parties, de sous-partie en sous-partie, avec de courts textes bien écrits pour présenter le propos de l’espace suivi des exemples évoqués dans les textes, en vrai. Chaque partie est numérotée et titrée, une vraie dissertation. Sur le principe je trouve ça intéressant parce que c’est un peu un rêve éveillé d’historien de voir un propos qui réunit des œuvres autour d’une idée, leur donnant un sens et un contexte précis. Mais cela reste proche d’une dissertation, d’un devoir, d’une démonstration qui indique un cadre très rigide à une pérégrination qui porte au lyrique, à l’enrichissement personnel.
L’exposition Art flamand & hollandais d’hier et d’aujourd’hui était une exposition très agréable à voir et à revoir, un bon moment pour profiter du plaisir de voir de l’art. Des petits plaisirs artistiques qui n’arrivent que dans les expositions bien faites.
Mention spéciale pour le journal d’exposition qui reprend les textes, les visuels mais aussi la liste complète des œuvres présentées (!) ainsi qu’une carte des Provinces Unies et Pays-Bas espagnols et une chronologie, un vrai petit ouvrage de références.
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