Je vais profiter de ce jeudi pour vous parler un peu d’un musée que j’ai visité mais qui n’a pas eu l’occasion d’avoir d’article… le musée de la résistance et de la déportation de Lyon qui m’a marqué par l’intelligence de sa conception, des thématiques abordées, la scénographie… Une série de bons points pour un lieu à la hauteur de son ambition !
Je suis Normande (les habitués l’auront sûrement remarqué), aussi j’ai été baigné petite et jeune dans les musées portant sur la Seconde Guerre mondiale, ayant vécu toute mon enfance dans l’ombre du Mémorial de Caen. Et si le Mémorial reste un établissement marquant du paysage de la thématique, le musée de Lyon arrive à atteindre son but d’une autre manière.
Les musées autour de la Seconde Guerre mondiale ne sont pas comparables sur leur conception, toutefois ils ont tous un point commun : exposer, expliquer les événements de la Guerre pour éviter aux jeunes générations de faire les mêmes erreurs et s’assurer que personne n’oublie les événements. Et le musée de Lyon s’en tire vraiment bien à ce sujet ! Il échappe à la tentation d’un discours global pour se concentrer sur une approche thématique, centrée sur Lyon et ce qui s’y est particulièrement passé. Les incursions au contexte général ne sont que nécessaires et les contenus sont lisibles dans leur globalité.
Chaque texte est composé d’un titre, d’un chapeau et d’un développement accompagné d’une citation. C’est agréable car j’ai pu papillonner à mon aise dans les espaces en comprenant les parcours sans forcément tout lire.
La particularité du musée de la résistance est d’être dans un lieu marqué par l’histoire de la période. Le bâtiment est créé en 1889 pour accueillir l’École du service de santé militaire. En 1943, c’est la Gestapo qui occupe le bâtiment. Après la guerre, une association crée un petit musée dans une salle du muséum avant d’obtenir le droit, dans les années 1980 alors que le procès de Klaus Barbie a lieu, d’intégrer le bâtiment actuel. C’est l’histoire du bâtiment qui sert d’introduction à la visite et cela met tout de suite dans un contexte historique et muséographique.
La suite est assez classique : l’offensive allemande, la première occupation, le régime de Vichy etc. D’autres thématiques plus confidentielles sont abordées avec beaucoup d’élégance qui les met en évidence et attire l’attention sur eux. Par exemple ceux qui sont appelés « Les oubliés », soit les aliénés dont 45 000 sont morts de faim dans les hôpitaux psychiatriques français, comme Camille Claudel par exemple en 1943.
Viennent ensuite les certificats ou document d’application de la loi « portant sur le statut des juifs ». Des documents rares, bien mis en valeur par des reproductions des archives. Une confrontation directe avec un antisémitisme administratif.
Le musée ne passe pas à côté d’un certain côté religieux en présentant des reliques que le contact avec un illustre rend inestimable. Ici, c’est un morceau du parachute de Jean Moulin qui concentre de l’attention, sans doute séparé en morceaux et partagé, comme une véritable relique.
Le musée s’axe autour de deux grandes thématiques : la déportation mais aussi la résistance. Cette partie représente ce que tout le monde aurait voulu être sans vraiment penser à ce qui aurait été réellement le cas dans une situation réelle, sans estimer à sa juste valeur ce qu’il fallait de courage, d’engagement ainsi que les risques que prenaient ces personnes, au delà des convictions, parfois simplement pour pouvoir survivre.
On parle aujourd’hui de La Résistance mais le musée revient sur la multitude des réseaux, politiques, engagés ou juste pratiques, puis sur leur unification au sein de la France libre grâce aux figures tutélaire de Charles de Gaulle et Jean Moulin. Les systèmes de communication ont joué un rôle majeur dans la réussite du réseau de résistance car ce sont eux qui ont permis d’organiser les actions, les livraisons d’armes… La déportation spécifique aux résistants permet le lien entre les deux thématiques majeures du musée.
La liste des juifs déportés de France est projetée en fin de partie au dessus d’un registre dans une salle où un côté est dédié aux résistants et l’autre aux juifs. Un panneau est dédié à la colonie d’Izieu et la terrible rafle orchestrée par Klaus Barbie. Des portraits humanisent et rendent très concrets les disparus. C’est toujours un moment touchant et il faut que ces moments restent possibles dans les musées et toujours dans la dignité et l’humanité, sans tomber dans l’horreur.
Viennent ensuite plusieurs salles reconstituants des rues, un intérieur, un atelier clandestin d’imprimerie, … Avant les salles des dates sont indiquées en grand chiffres pour situer l’espace dans lequel on va entrer.
Un seuil bleu matérialise le retour au temps contemporain et la sortie du musée. Un dernier espace est extrêmement fort : l’auditorium où est projeté en boucle un documentaire sur le procès de Klaus Barbie. Si je reste persuadée que beaucoup d’Allemands ont suivi les ordres et agissaient à contre cœur, certains tout pétris qu’ils étaient de l’injustice du Diktat de Versailles ; ce procès, la réaction et l’entêtement de Barbie convainc sur la fureur meurtrière de quelques uns.
A votre prochain passage à Lyon, n’hésitez pas à poursuivre votre trajet de tram après les Confluences vers le musée de la Résistance et de la déportation !
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