Pour une fois je vous parle d’une exposition qui n’est pas finie ou sur le point de l’être ; luxe : il vous reste même près de 2 mois pour la voir ! C’est une exposition que j’ai manquée au musée d’Art et d’Histoire d’Avranches mais que je suis bien vite allée visiter à Caen. Après A Table, la nouvelle coproduction du Musée de Normandie avec un autre musée normand est sur les voyages en Egypte et notamment les normands qui y ont pris part au 19e siècle. En route !
Je commence a être habituée aux expositions du musée de Normandie, il y a des points de repère, des petites habitudes qui se prennent ce qui est agréable mais qui me fait me rappeler « qu’il n’y a pas de bonnes habitudes à prendre »… D’entrée de jeu, normalement, il y a un livret jeux avec des stickers trop cool mais cette fois l’agent d’accueil m’a dit qu’ils étaient réservés aux enfants :-(. Ensuite il y a l’introduction par un espace vidéo qui mélange classiques du cinéma et clips pops, sur la thématique de l’Egypte, ils ne pouvaient pas passer à côté d’Elizabeth Taylor et Katy Perry, check et check ! Il manquait peut-être le prince d’Egypte pour un petit côté dessin animé…
Ensuite il y a le parcours de visite où la médiation est destinée à tout le monde avec un ou deux tableaux adaptés en relief pour les déficients visuels. Même si je suis loin d’être concernée par ces dispositifs, je les aime bien. Le format réduit à destination du public déficient visuel est toujours situé à proximité de l’original (ce qui permet aux mal voyants de le voir depuis le pupitre tactile). Dans la première salle, il était plus éloigné car c’est un grand format qui était reproduit. Le tableau est tellement grand qu’au départ je l’ai cherché, comme d’habitude, à proximité, si bien que c’est en m’éloignant que je l’ai enfin découvert.
On retrouve ensuite la boite à médiation. C’est un meuble assez grand, rotatif et sur roulette, qui permet d’installer différentes activités avec des magnets et des jeux. C’est hyper bien vu et la boite est réadaptée à chaque thématique d’exposition. Il y a même un petit espace pour un tabouret.
L’exposition finit par un espace pédagogique dans l’espace de l’ancienne écurie des remparts entouré de murs archéologiques stabilisés. Ici c’est un camp d’archéologue qui est évoqué avec beaucoup d’activités autour des dieux égyptiens et de l’archéologie : coloriages, jeux de société, photobooth, etc. Et c’est là que j’ai trouvé la partie dessins animés sur l’Egypte !
Pour vous parler tout de même du contenu de l’exposition : il est varié et complet sans être trop lourd. Tout commence avec les expéditions au XIXe par les français. Les textes remettent l’expédition dans son contexte : un échec militaire, une réussite culturelle. Les artistes et les scientifiques se lancent dans la redécouverte de cette civilisation que le déchiffrage des hiéroglyphes permettra de comprendre par ses traces écrites. C’est là que j’ai appris que, parmi les Normands de l’expédition, il y avait un Monsieur Conté, qui a inventé un crayon qui a donné une marque éponyme. Les planches de Vivant-Denon sont exposées ainsi que le meuble d’Avranches, étudié spécialement pour accueillir les volumes de textes et de planches rapportant l’expédition. Aquarelles de paysages et grands tableaux d’histoires servent d’introduction à la mode de l’égyptomanie qui infuse des motifs égyptiens dans tous les arts décoratifs.
La salle suivante évoque les photographies de l’Egypte avec des tirages qui sont pour certains assez expérimentaux. L’invention de la photographie est postérieure à la campagne d’Egypte, mais elle va permettre d’amener de la réalité dans le rêve égyptien. C’est une des photographies qui a en particulier attiré mon attention, bien qu’elle ne soit pas dans l’article sur le sujet dans le catalogue. J’ai été tellement obnubilée par cette photographie que j’ai oublié d’en faire un plan large… J’ai été étonnée et intéressée par la phrase manuscrite en bas du tirage :
« Obligé de m’en tenir à l’Egypte, je partis définitivement au mois d’avril 1860 pour la vallée du Nil et le 15 août suivant j’obtenais cette photographie sous les tropiques près de la seconde cataracte par 68° de chaleur au soleil (2 thermomètre) pendant que mes arabes, toujours avides de fantasias brûlaient de la poudre en l’honneur de mon sultan (fête du 15 août). – J’avais eu autrefois, d’excellents résultats par 23° de froid à Sébastopol. – Je ressentis du reste, sous cette température, une nouvelle atteinte de la maladie qui avait failli m’emporter en Italie et encore une fois, me dûs mon salut qu’au Laudanum. (avis aux voyageurs). – Un nègre de cinq pieds couché sur la main gauche du dernier colosse donne l’échelle de proportion »
Le parcours de visite se poursuit par une salle extrêmement nécessaire étonnamment mais bien placée : une salle sur la civilisation égyptienne. Cette salle est grande car le sujet est vaste. Elle compile tous les éléments nécessaires à la compréhension de l’art et de la religion égyptienne antique. Je la trouve étonnamment placée car elle est en milieu de parcours et qu’on aurait pas s’attendre à trouver un tel espace en introduction. Mais, placée ici, elle nous remet dans un parcours de découverte. En tant qu’européen, c’est suite aux expéditions en Egypte et aux photographes qui ont ramené des témoignages des vestiges antiques que nous avons pu découvrir la civilisation égyptienne. C’est donc à ce moment-là qu’on accède aux connaissances sur les dieux et les sarcophages.
L’espace est très bien fait, complet sans être encyclopédique. La scénographie donne une impression de caveau avec un plafond un peu plus bas et une lumière plus tamisée. On passe des relevés archéologiques aux objets, des fresques menant au tombeau au sarcophage en passant par l’incontournable pierre de rosette de Champolion.
Mention spéciale pour l’espace sarcophage avec tous les objets accompagnant le défunt. J’ai aussi découvert que parmi les objets, il y a une concubine…
Dans la salle suivante on revient en Europe avec l’orientalisme et l’imaginaire autour de l’Egypte. Les tableaux présentés ont été réalisés par des artistes qui ne sont pas forcément allés sur place. Ils se servent donc des différents éléments qu’on a vu précédemment dans l’exposition (à savoir les objets, photographies et objets archéologiques) pour imaginer des paysages et des scènes. Le choix du bleu profond du lapis-lazuli pour le mur contraste joliment avec les cadres et les lumière dorés des tableaux.
Sur le dernier espace de l’exposition, un tableau a arrêté mon attention. Parce qu’il ressemble aux pèle-mêle qu’on trouve encore aujourd’hui avec des photos de vacances. Les paysages typiques en aquarelle auraient encore leur place sur papier glacé à un retour de vacances.
Dans le texte à proximité, j’ai découvert l’histoire de Thomas Cook. La célèbre agence de voyage avait pour objet de permettre LE voyage en Egypte, celui dont tout le monde rêve. Celui qu’on reporte mais n’annule jamais car rien ne vaut l’Egypte qui nous fait tous rêver et assure le succès à toute exposition qui en parle (comme les dinosaures).
Vous avez jusqu’au 07 janvier pour embarquer pour les Voyages en Egypte au musée de Normandie.
Votre commentaire