J’ai lu le dossier « Courage » de Psychologie Magazine

Ce dossier date d’octobre 2019 mais le thème m’avait interpellé aussi j’avais gardé le dossier pour le lire plus tard. Plus tard étant maintenant voici les extraits que j’ai pris dans ce dossier coordonné par Laurence Lemoine.

« Même en paix, même dans un Etat de droit, il reste des combats à mener, […]. Dans une société qui fait de l’humain une variable ajustable, à essorer puis jeter, le courage réside, pour [Cynthia Fleury, philosophe et psychanalyste], dans la lutte contre l’affirmation que ‘nul n’est irremplaçable’ au travail, dans la société, dans la vie amoureuse… Il consiste à ne pas céder devant ‘la règle la plus déshumanisante qui soit’, celle qui aboutit par exemple, on l’a vu, à qualifier en de délit des actes de solidarité envers des migrants. […] Cette conception du courage qui revient à ‘ne rien lâcher du souci des autres’, ne peut u’aboutir à vouloir changer le monde dans le sens inverse de ce que nous propose notre société calculatrice et consommatrice. […] Le fait de remettre nos actes en accord avec nos principes restaure notre santé psychique et notre confiance en soi ». Face à la névrose « qui nous tient prisonniers du passé », le courage s’avère un bon remède. « L’organisation névrotique vise à faire barrage à l’inattendu. Elle nous indique les chemins les plus sûrs compte tenu de nos peurs, de nos blessures. Et nous condamne à vivre dans la plainte, retranchés derrière deux croyances : ‘la vie commence demain’ (nos aspirations sont donc remises à plus tard) et ‘c’est tout ou rien’ (si je ne peux pas tout changer, alors je ne change rien). Le risque dont elle fait l’éloge est une invitation à nous projeter dans l’inédit, à choisir de vivre plus intensément plutôt que d’éviter de mourir, à substituer au principe de précaution la logique du désir. Il ne s’agit pas de nous jeter du haut d’une falaise mais de modifier un peu nos habitudes, de faire place au hasard et à l’incertain pour aboutir, pas à pas, à de grandes métamorphoses. »

Dans l’entretien avec Miguel Benasayag (avec Stéphanie Torre), j’ai noté que le courage était de trouver le moyen de vivre et d’agir « sans connaître la fin du film ». J’ai alors pensé au confort que j’éprouve au début d’un film romantique ou comique, dès le début on sait comment cela va se finir, peu importe l’éventuel suspense, on connaît la fin et on peut ainsi se laisser aller car on sait par avance où on va. Souhaitez-vous que votre vie soit comme cela ? « Pris dans le désespoir face à ce qui nous dépasse, nous imaginons souvent que la seule issue possible est la fuite individuelle. Nous ne cherchons pas à changer le monde, mais notre propre existence. […] Mais peut-être de nouvelles créations deviendront-elles possibles lorsque nous cesserons de nous demander que faire dans cette situation, comme si nous pouvions la maîtriser… […] C’est quand notre corps est interpellé par une situation, lorsqu’il est engagé réellement, que l’on peut trouver les ressources pour transformer la réalité en mobilisant une sorte d’élan vital. […] La virtualisation quotidienne de nos vies contribue dans une certaine mesure à notre sentiment d’impuissance. […] Or, dès que l’on engage notre être dans l’expérimentation, quel que soit le domaine, la recherche ou le développement durale par exemple, on le sent profondément : l’espoir se développe peu à peu. […] C’est en agissant ensemble, chacun à notre niveau, que nous nous éveillons et que nous pouvons faire advenir d’autres possibles, d’autres rapports, d’autres façons de vivre qui nous éloignent de la fatalité. »
« Expérimenter de nouvelles possibilités tous ensemble » permet de se confronter au fait qu’on ne peut pas faire tout seul, il est nécessaire d' »accepter d’être dans le non-savoir, assumer qu’il y ait de l’inconnu, de l’incertitude. »

« Le courage, c’est de dominer ses propres fautes, d’en souffrir, mais de n’en être pas accablé et de continuer son chemin. »
Jean Jaurès, extrait du « Discours à la jeunesse, 30 juillet 1903

Laurence Lemoine rapporte les conseils de Béatrice Millêtre (psychothérapeute) afin de dépasser ses limites. « Dans la vie quotidienne, alors que l’individualisme ambiant pousse chacun à faire ce qu’il veut, nous avons besoin de courage essentiellement pour faire ce qu’il y a à faire, même si nous n’en avons pas envie ». « Où puiser la force de ‘faire ce qu’il y a à faire’ ? ‘Dans le sens que nous donnons aux tâches à accomplir, dans la motivation qui en découle, dans le fait d’avoir conscience de nos responsabilités et de les assumer parce qu’elles sont liées à nos valeurs et nos choix de vie. » Il est d’abord proposé d’évaluer l’enjeu avec une série de questions à se poser dont « Pourquoi est-ce difficile ? Qui d’autre est concerné ? » Le plus difficile reste le premier pas, nul besoin de préparer tout le plan pour arriver à son but car cette vision pourrait être affolante et décourageante. « On est plus efficace quand on ne réfléchit pas trop aux écueils. A un moment, il faut se lancer, en faisant confiance à ce qui nous anime. […] Comment arriver à cet état de fluidité dans le quel nous ne nous posons plus de question ? » La réponse se situe dans l’intuition. « Même si les solutions envisagées ne sont peut-être pas encore les bonnes, elles répondent à un élan intérieur qui, lui, est juste. Vient ensuite l’étape de consolider l’objectif, le décrire, pourquoi ce projet nous est propre, extrêmement lié à notre personnalité, notre aspiration… En « visualisant le but dans sa globalité […] plutôt que de considérer les marches à gravir, il s’agit de nous projeter en haut de l’escalier, quand l’objectif est atteint. » Quitte à commencer la fin afin de se donner de l’enthousiasme, créer une perspective, un cap à suivre. « Envisagez les conséquences de vos efforts à long terme, pas seulement à six mois mais à cinq ans. » Pour avancer sur le chemin de ce projet il faudra apaiser ses peurs, d’abord en les identifiants et donc en prenant le temps d’une réflexion que la peur empêche, quand, plutôt que de suivre son intuition on suit son instinct. Être confronté à l’inconnu  est inquiétant, il faut d’abord calmer son corps par un rituel d’ancrage qui nous est propre, puis remettre la pensée en route afin d’identifier où se situe le blocage. Ce que nous appelons peur est souvent un manque d’énergie, d’information ou de confiance en soi. On peut alors faire l’exercice d’imaginer le pire pour trouver des solutions adéquates en avance. On peut ainsi mobiliser ses ressources. Comme le disait Walt Disney « If you can dream it, you can make it ». « Notre intelligence conçoit des objectifs qui ont du sens pour nous », et si nous les imaginons nous pouvons donc les atteindre, ils sont à notre portée. Peut-être qu’avoir recourt à des compétences peu mobilisées sera nécessaire. On peut se préparer à la réalisation de ses objectifs en visualisant leurs accomplissements. » L’article se conclut sur deux principes : « c’est dans la bonne connaissance de vous-même que vous puiserez votre force. […] Être courageux, n’est-ce pas, d’abord, demeurer fidèle à soi-même ? »

Valérie Peronnet a rassemblé des témoignages de personnes ayant fait preuve de courage. Son introduction rassemble quelques éléments généraux notamment autour de la peur. « Avant le courage, il y a la peur. […] Le courage, c’est avant tout une affaire de peureux, […]. Ils répondent presque tous qu’ils n’avaient pas le choix, […] face au fait de supporter, pour le reste de leur vie, de n’avoir rien fait à cet instant précis où, finalement, ils ont agi. » Il s’agit d’un choix d’agit mais celui-ci n’est pas toujours réfléchi, mais plutôt intuitif : « ce que nous sommes le plus intimement prend le pas sur ce que nous croyons ou espérons être. Comme une rencontre absolue avec soi-même. » Extraits des témoignages : « A la maison, on ne se demandait jamais si c’était raisonnable ou pas de prendre ces risques. […] Ce n’était pas du courage, c’était une nécessite. » (Michèle, 93 ans, résistante) / « Il fallait que j’abandonne totalement l’espoir que les choses puissent s’arranger. […] Dans ‘courage’ il y a ‘rage ». La colère m’a tenue. » (Clémence, 36 ans, a fui son conjoint violent)

J’ai trouvé ce dossier très inspirant et énergisant. Vous pouvez le lire en entier en achetant le magazine en ligne.

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