Louboutin retourne à ses sources au Palais de la Porte Dorée

L’annonce de l’exposition Louboutin au Palais de la Porte Dorée était une fabuleuse nouvelle fin février. Sa localisation était un peu surprenante mais rien qu’à l’idée de me plonger au milieu de souliers magnifiques, c’était un joli rêve. Le coronavirus a mis un coup d’arrêt à cela et j’étais heureuse de pouvoir visiter cette exposition fin juin. Elle devait se finir aujourd’hui mais elle est prolongée jusqu’au 3 janvier 2021. Encore plein de temps pour profiter de cette magnifique exposition !

La première salle de l’exposition

La magie Gabet/Louboutin

Olivier Gabet, directeur du musée des Arts Décoratifs de Paris dont j’adore les expositions de mode, est le commissaire de l’exposition et la scénographie a été imaginée par Christian Louboutin himself. La réunion des deux crée une magie et une exposition d’une qualité rarement égalée !

Ils réussissent ici une alliance rarement vue d’une esthétique, immersive et signifiante, et de contenus (expôts et textes), tout à fait digestes bien que très riche. L’exposition est longue et variée, on passe par plusieurs émotions. L’émerveillement est renouvelé de salle en salle avec des ambiances différentes qui évoquent certains aspects du travail de Louboutin.

La Chapelle Louboutin et ses reliques

L’esthétique Louboutin

Le premier espace est une magnifique salle rouge avec un jeu de lumière et une musique du Casse-Noisette de Tchaïkovski (je confond la valse des fleurs et celle des flocons de neiges). C’est une superbe transition entre le monde réel et le merveilleux monde des souliers Louboutin.

On est très vite plongé dans l’esthétique Louboutin grâce à un espace ressemblant à une chapelle : les vitraux, dessinés par le designer, y évoquent les 8 vertus cardinales de sa création : la Parisienne, le Spectacle, la Couture, l’Art, le Voyage, l’Artisanat, la Sexualité et l’Innovation. Réalisés par la Maison du Vitrail à Paris, ils affirment également l’amour de Louboutin pour les Arts Décoratifs en plus de sa passion pour le soulier. Les chaussures et coupures de presse exposées racontent les premières années professionnelles du créateur.

La thématique se poursuit dans l’espace suivant où on entend Louboutin évoquer son principe autour du soulier. Chaque modèle part d’un dessin, ce dessin crée une silhouette et donc une ombre. Tout le travail du chausseur est de retrouver cette même ombre quelle que soit la taille, du 34 au 45 ! (Quand les chaussures à talons du commerce main stream se développent en longueur, les souliers Louboutin se développent dans toutes les dimensions).

Sur cette installation, des souliers, modèle Pigalle, de différentes tailles qui ont la même ombre.

La hiérarchie de l’information

Il est très agréable de parcourir cette exposition car les informations y sont distillées avec un rythme très doux. Les notions sont progressives, d’abord elles sont très orientées sur les chaussures. de leur particularité d’être des souliers Louboutin par le design jusqu’à leur fabrication. Cette dernière est racontée étape par étape dans plusieurs brèves vidéos où Christian Louboutin joue une sorte de petit lutin magique actionnant les outils pour les mains gigantesques de l’artisan.

La biographie arrive dans l’espace 7, soit presque à la fin. ‘ai trouvé cela excellent car souvent les expositions commencent par une biographie ce qui bloque le flux des visiteurs à l’entrée de l’exposition. En salle 7, même en période d’affluence, le flux de visiteur est réparti et ainsi on peut s’attarder sur les détails. Cette biographie est brève, ce n’est pas un mur monumental, elle prend la forme d’une sorte de scrapboking de photos souvenirs.

Ainsi la star de l’exposition est bien le soulier, le créateur passe au second plan tout en restant présent partout. On ne peut pas vraiment séparer le créateur de sa création tant il pense et préside à chacun des détails. C’est par le soulier qu’on rentre en contact avec lui et c’est par le soulier qu’il se présente.

La palanquin aux armoiries du chausseur est entouré des modèles plus variés et étonnants les uns que les autres

650 souliers, 650 inspirations

Quand on est fan de chaussures et qu’on visite une exposition dont c’est le sujet, on espère en voir ! Et l’expo Louboutin ne déçoit pas ! Les 650 chaussures ne sont pas toutes en paires et s’il y a des répétitions c’est pour donner des effets de scénographie, tout à fait justifiés.

La salle des trésors présente les inspirations principales et certains prototypes de souliers. La diversité est de mise et les sources de création nombreuses : Egypte, disco, futurisme, histoire de la mode, éléments naturels, histoire de l’art, contes de fée,motifs asiatiques, architecture, … On découvre la variété et les possibilités de conception des souliers. Les souliers architecturaux, ne reposant pas sur un talon à l’aplomb du talon du pied, sont étonnants dans leur réalisation.

La collection des Nudes a pour objectif d’offrir un prolongement au corps

Louboutin entouré d’artistes

Tout au long de l’exposition, des installations et des œuvres d’art sont exposées. Commandées expressément pour la scénographie elles viennent compléter les salles afin d’en enrichir le contenu et le propos. Elles illustrent des concepts du créateur.

Par exemple, la série des Nudes, dont je n’avais pas saisi le caractère novateur jusque-là, est accompagné de mannequins réalisés en cuir, modelés sur la peau d’un modèle vivant avec des piqûres plates représentant toutes les teintes de la série pour signifier que le cuir de la peau se prolonge sur la chaussure afin que le soulier se fasse oublier.

Louboutin est entouré d’artistes, il crée pour eux et une belle place est consacrée à ses réalisations pour Dita von Teese, Mika, Lady Gaga, Rihana, … On reconnaît, dans le Pop Corridor, les photos du gala du Met pour lequel la marque a pu créer des modèles en fonction du thème.

La signalétique qui a inspiré sa carrière à Christian Louboutin

Pourquoi le palais de la Porte Dorée

Dès le texte d’introduction, on comprend le lieu d’exposition : le palais de la Porte Dorée est le point de départ de la carrière de Christian Louboutin. A l’époque, le palais accueillait les collections d’Océanie (aujourd’hui au Quai Branly). Une signalétique indiquaient que les chaussures à talons hauts étaient interdites, sans doute pour ne pas créer de bruit à une époque où le musée était un temple du silence… D’ailleurs l’exposition commence dans une salle où la moquette est très épaisse et confortable.

Ce lien au musée est exploré dans la dernière partie, intitulée le musée imaginaire. Louboutin a choisi des artistes et des objets pour le rapport qu’ils ont avec son univers. C’est une illustration de la curiosité et de la diversité des intérêts du créateur. Cette partie mélange objets usuels issus des collections du Quai Branly, de l’art contemporain, des arts décoratifs anciens ou acutels.

Cette variété est agréable en sortie d’exposition, elle permet d’ouvrir le champ, faire une conclusion qui, très en lien avec toutes les oeuvres et les objets déjà vus, sont aussi très détachées. Cela apporte, avant qu’on en ai besoin, une diversité d’objet. Il ne faudrait pas sortir dégoûté du soulier aux lignes admirables et à la semelle rouge !

Les escaliers, portant le nom de modèles et créations de Louboutin, porte aussi cette belle citation

Je ne saurais que vous recommander d’aller visiter l’exposition Louboutin. Pensez aussi à passer un peu de temps dans les espaces d’accueil afin de vous renseigner sur l’histoire de ce lieu si particulier qu’est le Palais de la Porte Dorée ainsi que son musée national de l’immigration. Si les conditions COVID-19 se maintiennent, vous aurez besoin de réserver votre visite sur le site.

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