Coeurs au Musée de la Vie Romantique

Lors de mon premier weekend d’expositions post-confinement, je suis allée visiter l’exposition Cœurs, du romantisme dans l’art contemporain. L’approche thématique me fait penser à une dissertation. Grands noms et moins connus sont mélangés dans chaque thématique pour apporter un regard différent sur la thématique du cœur.

Vue de l’espace « Coeur symbolique » de l’exposition

Une exposition dissertation

J’aime les expositions dissertation en art, l’introduction propose une problématique, le parcours est thématique et je trouve tout simplement cela plus intéressant. Le parti pris de l’exposition a été de proposer une introduction murale puis des textes rassemblés dans un livret pour présenter chaque partie.

Le résultat est une belle exposition, l’espace est petit, les œuvres sont vraiment mises en avant, elles communiquent bien entre elles. Chaque texte cite les artistes et les oeuvre exposées mais il manque ce que mes professeurs appelaient un exemple détaillé. Sur le schéma de la dissertation, une partie est introduite par un chapeau, présente un argument et illustre celui-ci par un ou plusieurs exemples détaillé et explicité afin de les relier à l’argument.

Dans une exposition, on peut avoir le chapeau et la partie argumentaire dans un texte au mur ou sur un livre, les exemples peuvent aisément se glisser dans les cartels. Dans une exposition thématique, le cartel détaillé est une bonne occasion de faire passer le message de l’argument que le commissaire souhaite développer. C’est ce qui m’a manqué dans cette exposition. J’ai trouvé qu’il y avait assez peu de médiation sur le choix des œuvres et leur connexion parfois au sujet ou tout simplement leur sens.

Oeuvre Sans Titre d’Oda Jaune, inaugure l’exposition avec une symbolique hermétique sans cartel développé

Une médiation peu présente

Outre le petit livret, la médiation de l’exposition est très rare. Il y a quelques cartels détaillés qui sont destinés aux enfants (la médiation enfant est en général super intéressante). Aucun cartel n’est développé et si certains artistes et oeuvres sont connus, d’autres beaucoup moins et quelques explications auraient été les bienvenues.

Je suis d’accord que l’absence de texte favorise le questionnement du visiteur, l’élaboration du raisonnement personnel et l’éducation du regard et de l’imagination. Toutefois, certaines oeuvres ont attiré mon attention et j’ai l’impression d’être passée à côté de certains éléments par manque de médiation.

Au départ de l’exposition, des médiations orales étaient prévues, les espaces sont d’ailleurs assez grands, la plupart des œuvres étant des tableaux ou proches des murs, permettant l’organisation de guidages. Malheureusement le coronavirus empêche pour le moment la reprise de ces visites.

Je nuancerais le choix de la médiation humaine par le fait qu’elle n’est pas permanente et je trouve dommage de priver une partie du public d’un discours. De même que penser une médiation essentiellement humaine car cela ne laisse pas forcément l’opportunité de prendre son temps devant une oeuvre et de laisser se développer sa pensée et son imagination.

Le Musée de la Vie Romantique, propose des regards sur ses collections dans le parcours de l’exposition. Ici un modèle en cire et des dessins anatomiques du cœur de l’époque romantique.

Des ponts entre expositions et collections permanentes

Proposer une exposition autour du motif du cœur au Musée de la Vie Romantique est une fabuleuse idée car l’exposition se prolonge dans le parcours permanent. Cela permet des ponts entre les publics de l’exposition (attirés par l’art contemporain) et les publics du musée (attirés par le Romantisme et le XIXe siècle). Ces publics peuvent bien sûr être identiques mais cela favorise la découverte.

A son arrivée, le visiteur est invité à entrer dans un des ateliers d’Ary Scheffer (auquel la maison où est installé le musée appartenait) qui est également un salon de musique avec un piano. Là sont exposés le texte introductif, des œuvres d’art contemporain mais aussi une sélection des œuvres bibliophiles des collections autour de la thématique du cœur : gravures anatomiques, poèmes, ouvrages religieux.

A la fin du parcours dans les anciens ateliers du peintre où se situent les espaces temporaires, on peut parcourir la maison de l’artiste, découvrir les collections permanentes avec l’installation de diverses œuvres contemporaines. Ce qui m’a un peu chagriné à ce sujet c’est que du coup, ces œuvres ne sont pas intégrées aux thématiques de l’exposition.

Certains espaces de vitrine de la collection ont été réaménagée autour de la thématique de l’exposition, notamment avec l’exposition de bijoux d’amoureux et de promesses. Les fiches de salles ont toutefois été retirées pour raisons sanitaires et il est donc difficile d’accéder aux informations concernant ces œuvres.

L’exposition Coeurs au Musée de la Vie Romantique est une exposition intéressante et bien située par rapport à la thématique du musée. Elle a été prolongée d’un mois, vous avez donc jusqu’au 12 septembre pour aller la découvrir. En plus le quartier est très sympa !

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