J’ai longtemps entendu parlé de l’ouvrage de Lise Bourbeau qui est une référence dans les titres du développement personnel. J’ai cherché ce livre après avoir vu les interview de Lilou Macé de cette autrice. Leur échange m’avait permis de sentir la nécessité de le lire, en tout cas d’y voir un intérêt personnel. Dès le départ, j’ai trouvé cette lecture difficile par le style et l’approche, toutefois, à la fin, j’ai appris des choses importantes pour mon avancée personnelle. Contrairement à d’autres articles concernant mes lectures, il s’agit ici d’un article plus critique et moins d’une fiche de lecture.

Le principe des blessures
Selon Lise Bourbeau, il existe 5 blessures qui se créent dans l’enfance quand l’enfant souffre dans le développement de son être véritable. Il se crée alors un masque, en fonction de la blessure, qui va déclencher des comportements et des conséquences physiques. Ce masque est un dispositif de protection, l’autrice utilise les termes de moyen de survivre, qui est d’abord efficace mais finit par pauser souci car il empêche l’expression du véritable soi.
- La blessure de rejet entraîne la création du masque de fuyant
- La blessure d’abandon entraîne la création du masque de dépendant
- La blessure d’humiliation entraîne la création du masque de masochiste
- La blessure de trahison entraîne la création du masque de contrôlant
- La blessure d’injustice entraîne la création du masque de rigide
Je ne peux pas reprendre ici les éléments abordés soit parce qu’à mon sens cela serait réécrire le livre ou alors vous communiquer seulement les éléments ayant retenus mon attention qui sont ceux qui définissent mes blessures et l’importance qu’elles ont pour moi. Je vous encourage donc à lire le livre pour l’apprendre sur vous même.
Une lecture difficile
La première chose que j’ai ressenti en lisant le livre est une frustration de la proximité et la familiarité de l’autrice avec son lecteur qu’elle tutoie. Québecoise, cela est tout à fait compréhensible d’un point de vue culturel puisqu’il est très anglo-saxon de tutoyer les gens, même quand on ne les connaît pas. Ce n’est pas tellement cela qui m’a embêté que le fait de l’adresse « tu » me renvoie à une situation professorale qui exclu l’autrice du propos alors qu’elle est concernée au titre qu’elle est un être humain. Cela peut être expliqué par le biais culturel inverse : dans une situation de gens qui ne se connaissent pas, le tutoiement imposé peut être vécu comme un dénigrement. Pour autant : cela fait aussi sens avec le reste du livre. Ma réaction à ce tutoiement se retrouve dans les réactions d’un des masques déclenché par une blessure…
Autre élément un peu gênant à mon sens : le côté dogmatique du livre. Bien que très intéressée par le développement personnel, je suis plus sensible à des fondements scientifiques concernant la psychologie ou les sciences cognitives. Or Lise Bourbeau n’est pas scientifique ! C’est une femme qui a accompagné pendant de nombreuses années, de nombreuses personnes et elle en tire des caractères généraux à partir de son expérience. C’est une démarche scientifique mais qui n’est pas contrôlée, testée par ailleurs, critiquée (à ma connaissance) par le secteur scientifique. L’ouvrage ne présente aucune nuance quant au caractère hypothétique des affirmations faites : chaque blessure est associée à des comportements et c’est tout. Cela ne veut pas dire que c’est faux, cela n’en garantit pas la véracité. Il n’y a pas non plus d’explication traditionnelle (comme on pourrait trouver dans des ouvrages sur le chamanisme qui présente des vérités non scientifiques héritées de traditions anciennes).
Enfin, dernier point qui m’a questionné : qu’en est-il des personnes homosexuelles et des familles mono- ou homoparentales ? En effet, certaines blessures sont définies comme étant créée avec un parent de même sexe, par rapport à l’œdipe, ou par rapport au père et à la mère. Qu’en est-il donc quand l’attraction sexuelle de l’enfant est pour le même sexe que lui ? De même, quand il s’agit d’un parent seul, comment cela agit-il sur la création et le développement des masques et des blessures ? Cela aboutit à une image tronquée des blessures et ce livre pourrait ne pas convenir à tous. Par ailleurs, il y a une approche genrée des blessures : la femme fuyante, l’homme masochiste. Cette approche m’a gênée et j’espère qu’elle sera de moins en moins acceptable, ce déterminisme genré ne me semble pas souhaitable car il enferme les gens dans des cases. Il y a donc un certain sexisme, male gaze, hétérocentrisme dans ce livre qui le date dans une certaine génération qui ne prend pas en compte ces éléments dans ses analyses, ce qui questionne aussi l’approche dogmatique de l’autrice.
Dans certaines critiques du livre, j’ai aussi lu que l’autrice à une approche religieuse en utilisant le mot DIEU. Certes, le mot est utilisé, mais il est utilisé dans une acception spirituelle et non religieuse. Il ne s’agit pas d’un dieu définit par une religion particulière mais de l’élément sacré, du principe de vie, que chacun peut interprété comme il souhaite. Toutefois on peut contester une approche de l’incarnation de l’âme, l’âme choisit la famille, l’âme s’incarne par rapport à ses précédentes expériences… Je conçois que cela peut heurter certaines croyances, j’ai la largesse d’esprit de laisser le doute sur cette question, il y a des parties du livre qui m’ont tellement mieux parlé, qui ont résonné de façon concrète pour moi.
Une lecture instructive
Comme je l’écrivais plus haut : je ne vous ferais pas un compte-rendu complet du livre, toutefois je peux dire qu’il m’a fait avancer de façon certaine sur des questionnements concernant mon enfance, ma relation avec mes parents, sur la relation de mes parents à leurs parents. J’ai pu comprendre et améliorer mon analyse de certains mécanismes que j’ai reconnu chez moi et le livre permet d’identifier des pistes afin d’accepter ces blessures et tomber les masques.
La conclusion du livre est que les masques peuvent nous être utiles et ils font partie de nous car nous nous sommes construits à travers eux. La solution se trouve dans l’acceptation, la compréhension et l’amour de soi. Je sens une partie de moi apaisée par la lecture de ce livre quand une partie s’est sentie plusieurs fois révoltée, non par le fond mais par une forme un peu discutable à mon sens.
A la fin de cette lecture, je ne suis pas sûre de vouloir lire d’autres ouvrages de Lise Bourbeau, peut-être qu’un autre titre se présentera. J’avance en tout cas, convaincue que lire est un moyen de s’ouvrir et de se découvrir de façon douce et agréable. Prendre des notes m’aide à construire ma réflexion et vous les partager à les mettre en ordre. Quelles sont vos lectures d’été ?
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