Suite à ma visite de l’exposition dossier à Bayeux sur la famille Caillebotte, j’avais hâte de découvrir cette exposition au musée des Impressionnismes sur le Caillebotte peintre et jardinier. J’ai donc pris ma petite voiture jusqu’à Giverny pour découvrir ce petit village entièrement dédié à l’art et aux Impressionnistes.
J’ai commencé ma journée thématique par la visite du musée des Impressionnismes, je ferai un article dans un second temps au sujet de la maison de Monet et de son jardin des merveilles. Le musée des impressionnismes est dans un joli bâtiment moderne, à moitié enterré qui se fond bien dans le paysage bucolique que l’on associe facilement à l’impressionnisme. Le hall d’entrée est très beau, très ouvert avec de grandes baies vitrées. C’est un beau musée moderne qui ne doit pas être trop difficile à gérer d’un point de vue climatique avec l’aspect sous-terrain et plutôt ombragé.
Sortie de l’exposition de Bayeux, j’étais ravie de retrouver Caillebotte, qu’on me parle de jardin, de fleurs et de peinture, surtout dans le décor de Giverny, royaume des fleurs et de la peinture XIXe. J’ai été assez déçue. Alors que Bayeux proposait une intimité, Giverny proposait un cours d’histoire de l’art monographique, général, distancé avec un long développement qui aboutit au jardin du Petit Gennevilliers. Ce n’est pas que le parcours choisi n’est pas bon mais c’est surtout que j’en aurai choisi un autre en tant que muséographe, plus et uniquement axé sur la thématique jardin et villégiature.

Caillebotte est connu pour ses scènes urbaines : les parapluies, les raboteurs de parquet et les vues du Paris haussmanniens. C’est le premier axe de développement du parcours : le Caillebotte parisien. Un peu long à mon sens, les arbres sont certes là, il est indéniable que le peintre est un urbain bourgeois. De nombreux dessins préparatoires et des esquisses sont présentés ici dans la jeunesse de l’artiste. Une cloison mobile au milieu de l’espace pour séparer la pièce en deux et avancer sur la thématique suivante, m’aurait très bien convenu. Une façon d’introduire rapidement la villégiature et la thématique nature avant d’avancer sur les jardins d’Yerres et du Petit Gennevilliers en plein.

La deuxième partie aborde donc la villégiature à Yerres, dans la villa familiale. Il y a des scènes de famille mais avec beaucoup de distance, les portraits ne sont pas situés sur l’arbre généalogique ou par rapport à la famille, beaucoup de vues de la maison et peu de fleurs. Les scènes se succèdent mélangeant plusieurs lieux, un peu de nature, surtout sauvage, un très beau tableau de canotage que les médiateurs présentent sous un angle photographique intéressant, aux limites de la BD. Le frère de Caillebotte ayant beaucoup expérimenté la photographie, c’est particulièrement pertinent. N’étant pas particulièrement venue voir ce genre de tableaux, j’ai avancé rapidement. Je me suis tout de même arrêtée sur ce linge séchant. Très beau tableau qui confond draps immaculés et nuages sur fond de ciel.

Enfin, on arrive dans le vif du sujet ! Le jardin. Une petite galerie latérale présente le développement du jardin de Caillebotte : les étapes d’extensions, un petit peu de correspondance avec Monet, une reconstitution 3D, une chronologie. Ce qui aurait été le coeur de l’exposition pour moi, une partie un peu plus historique et ethnographique sur la pratique des jardins était finalement un survol rapide. Pour le reste, des tableaux brossent un portrait du jardin jusqu’au fameux panneau des marguerites, tentative de décoration all-over inachevée.
Pourtant le texte d’introduction donnait le bon ton, problématique urbaine abordée et évacuée puis grand développement sur la thématique du jardin et de la villégiature dans le texte. J’ai l’impression d’avoir assisté à un exposé d’histoire de l’art limite hors sujet où on a utilisé tous les poncifs sur l’artiste et pas répondu au sujet précis donné. C’est bien fait, c’est intéressant mais l’accent n’est pas mis sur ce que le titre et le sujet annoncent. Le cœur du sujet arrive un peu trop tard. Même si c’est bien traité, cela reste léger et pas suffisamment approfondi sur le caractère jardinier qui reste caché derrière le peintre.
Après, je n’ai pas fait de recherches concernant ce qu’il y a de disponible comme documentation au sujet des jardins dans lesquels a vécu, peint et jardiné Gustave Caillebotte pour en faire une exposition, ni quels musées et collectionneurs conservent les œuvres thématiques, les photographies, les archives, les documents. Mais globalement j’aurais fait une introduction sur les vues urbaines et la bourgeoisie parisienne, puis les jardins de l’enfance et de la famille à Yerres, une parenthèse sur la villégiature, l’eau et la sensibilité impressionniste (utile pour les enfants et les personnes peu familiarisées au sujet) puis donner une vraie place à l’histoire du jardin de Caillebotte, les espèces cultivées, développer les relations des peintres-horticulteurs Monet et Caillebotte, une salle sur les études et les peintures de fleurs sur le motif, pour finir sur les peintures décoratives un peu façon Nymphéas à l’Orangerie, quitte à compléter l’effet all-over par de la scénographie.
Je reste consciente du travail et de la complexité de préparer une exposition qui comporte forcément des choix qu’on n’espérait ne pas avoir à faire. Les commissaires ont sûrement fait ce qu’ils pensaient être le mieux mais je ne peux m’empêcher d’imaginer les expositions dans ma tête de la façon dont j’aurais abordé le sujet. Si les cartels auraient pu être plus développés pour certaines œuvres, les textes de salles étaient très bien faits, faciles à lire et bien dosés.
Comme assez souvent, j’ai vu plus d’adultes que d’enfants dans l’espace ludique. Celui-ci, billingue, présentait la vie de Caillebotte sous des angles variés : philatélie, canotage, construction et pilotage de bateaux. Caillebotte était reconnu pour ces domaines mais peu de place pour le jardin dans cet espace.
Bon, je suis allée voir l’exposition sur les derniers jours et je publie plus d’un mois après la fin de l’exposition… Si vous voulez en savoir plus sur Caillebotte, allez à Bayeux, si vous passez à Giverny, il y a une exposition sur Sorolla jusqu’au 6 novembre 2016.