Ensemble non monochrome mais rehaussé par têtes d’éléphant

C’est le titre d’une oeuvre et de l’exposition de Bernard Quesniaux présentée à l’artothèque, espaces d’art contemporain, de Caen. C’était ma première visite dans une artothèque et j’ai beaucoup apprécié le lieu et aussi l’exposition.

Premiers contacts avec le lieu

L’artothèque est installée dans le palais ducal derrière l’abbaye aux hommes de Caen. C’est un endroit magnifique dans une architecture du gothique normand restaurée et réhabilitée. Les espaces de l’artothèque jouent sur les espaces white cube et ceux où l’architecture médiévale persistent.

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La signalétique de lieu culturel, c’est nécessaire mais c’est souvent aride. C’est l’occasion pour l’institution de faire passer tous les « ne pas » pour le visiteur. J’ai été agréablement surprise par celle présentée à l’artothèque de Caen parce que, bien que très épurée, c’est plutôt sympa.

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L’exposition

Installé sous le toit du palais ducal, l’espace d’exposition temporaire laisse observer les jolies poutres de cette grande salle. Les cimaises sont blanches et la confrontation aux œuvres est directe quand on pénètre l’espace. Sur le comptoir plusieurs « aides à la visite » : un document papier ainsi qu’un « audioguide ».

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Vue d’ensemble non monochrome mais rehaussé par têtes d’éléphant

Dans la salle, on pourrait ne voir qu’une oeuvre, la pièce majeure et éponyme : Ensemble non monochrome mais rehaussé par têtes d’éléphant. Pour cette oeuvre, l’artiste a réalisé quatre pistes audio comme quatre point de vue que des médiateurs d’art contemporain pourraient avoir sur l’oeuvre.Ça m’a franchement fait pensé à ma dernière conversation avec une guide conférencière ! Tout y est, name droping non contextualisé, ton un peu condescendant et perché, à la fois trop rapide (sur le phrasé) et trop long (dans le discours), une parfaite caricature.  C’est aussi le témoignage d’une subjectivité et de son empreinte sur la signification d’une oeuvre. Même si chaque propos présente sa vision absolue de l’oeuvre, toutes sont valables et donc aucune ! C’est en tout cas ce que l’artiste, qualifié d’iconoclaste, d’acteur artistique, semble vouloir dire avec ses « visites guidées ».

Ces visites audio ont l’avantage d’offrir le temps de se poser, d’écouter tout en regardant et d’apprécier l’oeuvre dans une globalité qu’une piste unique d’audio-guide n’aurait pas permis. C’est aussi le temps de se poser la question de ce que veut dire cette oeuvre pour soi, ce qu’elle présente, représente, signifie. Cela laisse la place à l’imagination et l’interprétation personnelle mais tout en en fournissant les clés.

L’avantage d’être dans une exposition d’iconoclaste, c’est qu’on se sent permis (même si ça ne m’aurait pas gênée autrement) de s’asseoir par terre, dans les renfoncements de fenêtres ou au milieu de la salle. C’est plus agréable pour profiter de la série d’audio-guide qui occupe entre 15 et 20 minutes. Ça change aussi l’angle de vue et la vision sur l’oeuvre.

Dans ces audio-guides, Bernard Quesniaux fait tout de même passer une ou deux thématiques qui semblent lui être chères et notamment le questionnement entre tableau et sculpture. C’est l’objet de la quatrième visite, intitulée Les réglages, qui évoque l’ensemble non monochrome mais aussi l’oeuvre qui lui fait face (dont je pensais que le titre était sur le document de visite mais en fait non).

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IMG_20160209_153843.jpgOn retrouve également cette thématique dans la salle suivante, où, à côté d’une vidéo surréaliste, on trouve cette sculpture en polystyrène en face d’un tableau intitulé sculpture plate, qui est une impression numérique. Dans le renfoncement qu’on aperçoit sur la gauche de la photo, se trouvent des peintures en relief. Loin de faire référence à la compétition entre la peinture et la sculpture à la Renaissance, j’ai pensé que c’était plutôt une démonstration qu’aujourd’hui ce sont des termes qui n’ont plus forcément de sens quand on voit ce que l’art contemporain peut en faire. Qu’est-ce qui définit la sculpture ? Qu’est-ce qui définit le tableau ?

En tout cas, j’ai passé un très bon moment dans cette exposition, 45 mn de visite pure pour dix oeuvres. C’était une belle première et certainement pas une dernière. A bientôt à l’artothèque !

 

 

5 commentaires sur “Ensemble non monochrome mais rehaussé par têtes d’éléphant

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  1. Bonjour et merci pour votre visite à L’Artothèque. Je découvre votre blog et apprécie votre enthousiasme, votre engagement et vos réflexions sur la position du visiteur. Si cela n’est pas incompatible avec votre position de blogueuse anonyme, je serais ravie d’échanger avec vous lors de votre prochaine visite…
    Claire Tangy

    J’aime

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